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07 janvier 2013

TT SPEACHES: 2012

Illustration: Julien Fischer & Giom

Revenir sur la série des Speaches permet d’observer la globalité des albums chroniqués cette année, avec ses coups de cœur éphémères, ses amours grandissants et ses oublis impardonnables. Au delà de cet exercice d’autoévaluation de notre évaluation mensuelle, c’est aussi l’occasion de revenir sur une des séries d’illustration les plus fortes. Cette année, Julien Fischer et Giom ont fait très fort.

Janvier 2012


Illustration: Julien Fischer
Disques du mois
Pierre: Evian Christ, KINGS AND THEN
Julien: First Aid Kit, LION'S ROAR
Raphaël: John Talabot, ƒIN

Singles du mois
Pierre: Sophia Knapp, "Close to me"
            Francis Bebey, "The Coffee Cola Song"
Julien: Leonard Cohen, "The Darkness"
           Amy Winehouse feat Nas, "Like Smoke"
Raphaël: Raime, "Hennail"





Pierre : Comme souvent dans ce premier mois, on passe plus de temps à écouter tout ce qui nous était passé à côté l’année précédente plutôt qu’à découvrir de nouvelles choses. Pour janvier, à part le Speaches, il y eut juste une chronique Musique Hantée, avec un Andy Stott, qui allait devenir un des hommes de l’année. Au début de l'année, il y a cette attente un peu futile de découvrir le premier nouvel artiste super et dans le Speaches de janvier, j’avais mis Evian Christ comme premier album du mois. La qualité de KINGS AND THEN mettait la barre haute pour le reste de l’année. De même, en single du mois, figure le très sensuel "Close To Me" de Sophia Knapp qui donnait  le ton de l’année et reste un des titres que j’ai le plus écouté en 2012 et que j’ai aussi souvent passé en set.

Julien : En janvier sortait aussi le second album de l'Autrichienne Soap&Skin (NARROW) Anja Plasch avec le clip/plan séquence d'une beauté fatale ainsi que la reprise "Voyage Voyage" de Desireless. Vue au printemps à Leipzig, Anja Plaschg est sans doute l'une des artistes les plus dramatiques vues sur scène. Un contraste saisissant avec la ballade apathique d'une Cat Power larguée sur scène au Victoria Hall lors de Antigel 2012. Sorti quelques mois plus tard, son album SUN confirmera l'ampleur de la catastrophe… Toujours chez les artistes féminines, j'avais placé le LION'S ROAR de First Aid Kit comme album du mois, pris en étau par Evian Christ et John Talabot et reste convaincu qu'il s'agit d'un  des rares bons albums folk sorti en 2012. 

Pierre : Chaque mois donne aussi son lot de sorties très vite oubliées comme Perfume Genius ou Lana Del Rey. Mais janvier fut aussi le mois où le Speaches a accueilli un nouveau chroniqueur en la personne de Raphaël. Ce dernier a développé toute l’année une fâcheuse tendance à être toujours en avance sur moi. Cela commence déjà en janvier avec John Talabot que je n’avais même pas eu le temps d’écouté. Fort. 

Julien : John Talabot, présent un peu partout dans les tops 2012 en électronique. Concernant ce style, quelques titres et LP à mettre de côté dans ses bacs, notamment Sepalcure ou Pictureplane. Côté flippé, c'est surtout l'incroyable MU.ZZ.LE de Gonjasufi paru fin 2011 qui fait trembler nos structures, de même que M.I.A. et son "Bad Girls” ultra cool et iconique réalisé par Romain Gavras.

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Février 2012

Illustration: Julien Fischer
Albums du mois 
Pierre: Musette, DRAPE ME IN VELVET
Julien: Tindersticks, THE SOMETHING RAIN
Raphaël: Young Magic, MELT

Singles du mois
Pierre: Nite Jewel, "This Story"       
            Mi Ami, "Time of Love"
Julien: Quilt, "Penobska Oakwalk"    
Raphaël: Sidi Touré, ''Ni See Say Ga Done''






Julien : Février ne permet toujours pas d'y voir plus clair. Au contraire, il s'agit sans doute du mois le plus hétéroclite et inégal qualitativement. Au rayon des bonnes sorties,  Islands tient le cap avec le solide A SLEEP & A FORGETTING et signe encore pour quelques années d'un parcours passionnant mais bien trop sous-estimé. Speech Debelle aussi, qui confirmera tout au long de l'année sa place dans le renouveau Hip Hop britannique. Et Django Django explicite mieux qui quiconque l'affranchissement des styles avec son premier LP du même nom, citant tant Caribou, du rockabilly qu'une house pervertie. S'en dégagent des titres qui aujourd'hui prennent des allures de tubes indie ("WOR", "Waveforms", "Storm") donnant à l'album une importance encore supplémentaire.

Pierre : Le vrai single du mois de février, plutôt que ceux que j’ai choisi à tort (Mi Ami et Nite Jewel), qui sont certes de qualité mais pas de vrais tubes, c’est le "Climax" de Usher avec Diplo à la production, dégoulinant de sexualité qui confirmait une année 2012 très sensuelle séduction. Au delà de ce titre, février fut un mois de bizarreries délicieuses avec l’inclassable Musette, que j’écoute souvent quand je veux écouter un album qui change, la réédition de la synthwave à accordéon d’Andreas Dorau et la rencontre Hype Williams/Shangaan Electro. Un Speaches qui alla donc dans tous les sens et c'est tant mieux.

Julien Tindersticks aussi, avec THE SOMETHING RAIN qui n'est franchement pas loin du classique (l'ouverture "Chocolate”, "Show Me Everything" à lever haut son col, le Free Jazz "Frozen"). En neuf morceaux étirés et distingués, la formation de Stuart Staples surprend par tant de vigueur. Douze mois plus tard, l'album n'a rien perdu de son envergure.

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Mars 2012


Illustration: Julien Fischer
Disque du mois 
Pierre:  Buvette, PALAPA LUPITA
Julien: Julia Holter, EKSTASIS

Singles du mois 
Pierre: Danny Brown, "Grown Up" 
           Xander Harris, "The Driver" 
Julien: THEESatisfaction, "Queens"








Pierre : Mars, ce fut vraiment le mois de Grimes, qui eut droit à un des rares articles consacré à un seul album sur Think Tank. Avec le recul, sans crier au génie, je continue à défendre cet album, surtout après l’élan de haine antihipster qu’il a ramassé. Avant de donner naissance à un tube définitif, la K-pop était appropriée avec talent sur VISIONS avec de grands titres et un clip puissant.

Julien : Claire Boucher qui se prend début 2013 pour Nicolas Cage sur Twitter ("apparently there is a rumor on the internet that i am dead. im still alive, i have just taken a different bodily form"et visite à tour de rôle Philippines, Chine, Taiwan ou Malaise. Quelques titres plus faibles, mais un LP de grande envergure, vernis par des bombes atomiques ("Oblivion"). Si elle n'en fait pas trop, Grimes pourrait s'instituer comme la Mariah Carey d'un début XXIème Siècle soumis aux secousses de la Korean Pop.

Pierre : Ce mois, j’avais mis le nouveau Buvette. PALAPA LUPITA, je n’ai su l’apprécier qu’après plusieurs écoutes avant de l’adopter définitivement. Cet album prouve encore la qualité de la scène locale, qui n’a que rarement à rougir de la comparaison. Reste à espérer que cette qualité se maintiendra et se transmetera à de nouvelles formations.

Julien : Pas franchement éloigné des productions de Buvette, EKSTASIS de Julia Holter était mon album du mois. Si nous avions effectuer un classement des sorties musicales de l'année, il est certain que je placerais ce LP dans le top 3. Un choc en dix morceaux baroques et synthétiques, aux structures incroyablement élaborées, où la voix s'impose comme un instrument à part entière. Holter a déçu sur scène, mais pouvait-il en être autrement après une telle gifle sur platine?

Pierre : Mars fut aussi un mois avec de très nombreuses sorties illustrant cette masse d’albums moyens aussi bien tirés vers le haut par des voix féminines portant la pop à une qualité parfois froide (Chairlift, Nite Jewel, Chromatics) que vers le bas par du folk pompeux de vrais (ou faux) anciens héros (Spiritualized, Alabama Shakes).


Julien Michael Kiwanuka, arrivé quand même de nulle part il faut l'avouer, réhausse le niveau des titres FM avec "Tell Me A Tale" avec sa soul que les médias décrivent comme sépia. Ce mec se revendique d'Otis Redding et tente le coup du classicisme. Tout pour se vautrer splendidement: sauf que Kiwanuka, chic type humble et cultivé, est réellement l'une des rares bonnes surprises de l'année dans le registre musique mainstream. Sinon, THEESatisfaction signait avec AWE NATURALE un album d'époque, fait de titres ultra-courts – frustrants pour bon nombre d'observateurs – sombres, frimeurs, durs, Jazz ou clinquants ("QueenS", titre du mois). 

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Avril 2012

Illustration: Julien Fischer
Disques du mois:
Pierre: Paco Sala, RO-ME-RO 
Julien: The Dandy Warhols, THIS MACHINE
Raphaël: Sand Circles, MOTOR CITY


Singles du mois:
Pierre: Nicki Minaj, "Beez in the Trap"
            Dean Blunt feat Inga Copeland, "The Narcissist"
Julien: Tristesse Contemporaine, "I Didn't Know"
Raphaël: Ryat, ''Totem"



Pierre : Mon album de ce mois, RO-ME-RO de Paco Sala, confirme la présence forte en cette année 2012 de disques totalement inattendus et sortant des sentiers battus. Ici une romance chantée en français avec accent sur des nappes cosmiques. En single du mois, c’est clair que c’est autre chose. Mais "Beez in the Trap" de Nicky Minaj prouve que le rap US reste le seul territoire musical où la musique destinée à un public de masse peut produire des titres énormes. C’est le hip hop à travers le monde qui fut à la fête ce mois-là avec l’excellents album de Danny Brown et l’encore plus fort de La Gale, le disque suisse de l’année sans aucune hésitation. T’es d’accord Julien ? 

Julien : 82 millions de vues pour le clip de Nicki Minaj sur You Tube; des concerts de feu pour La Gale et un EP plus que décevant pour 1995 (LA SUITE). Un Speaches du mois d'avril où l'on parcourt aussi les sorties musicales francophones, souvent minoritaires dans la rubrique. J'en retiens plus "Voyage sans Retour" de Bertrand Burgalat que l'entier de l'album (TOUTES DIRECTIONS); par contre, huit mois et pas mal de (a)battage médiatique plus tard, MY GOD IS BLUE de Sébastien Tellier s'impose comme l'un des grands disques 2012. Technikart, souvent éclairé à l'heure du choix final, l'a consacré au sommet du son classement. C'est clair qu'avec des titres comme "Pepito Bleu", "Russian Attractions", "Yes, It's Possible", Tellier avait tout pour faire chier / marquer l'année. J'écrivais: " il y a quelque chose. Peut-être pourra-t-on l'expliquer concrètement dans dix ans". Un an a suffit. 

Pierre : Décidément chaque mois a eu le droit à ce moment de sensualité cette année et le Speaches en transmets la cohérence. Pour avril, ce fut l’album de Kindness. Certains s’en sont lassés et il est vrai que l’album est inégal. Néanmoins, quelques titres n’ont rien perdu de leur piquant et leur chaleur est venu faire suer à domicile ou en boîte tout au long de l'année.

Julien : Avril 2012 fut aussi une cible facile pour le circuit rock: Dandy Warhols, fidèles à eux-mêmes, à moitié compréhensible et quelque peu surestimés ici (THIS MACHINE), BLUNDERBUSS de Jack White qui rassurera les fans du type mais qui sidérera par tant d'immobilisme. "Plus que jamais, Jack White semble regretter d'être né blanc mais, étrangement, semble incapable de lâcher les bombes groovy dont il était pourtant spécialiste" avais-tu relevé dans ces colonnes. A+E de Graham Coxon nettement supérieur à ses contemporains, prouvant qu'il y a une vie après Blur. Lower Dens et Tristesse Contemporaine jouent placés avec des sorties plus qu'honorables (et quelques tubes du côté des seconds, notamment "I Didn't Know"). Et Spencer Krug livre, avec un nouveau groupe parallèle appelé Moonface, l'album que personne n'aurait dû louper. Et pourtant, l'avertissement n'a pas marché. Restent les concerts du groupe, avec les Finlandais de Siinai, grands moments psychés.

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Mai 2012

Illustration: Julien Fischer
Albums du mois:
Pierre:     Peaking Lights, LUCIFER
Julien:     Liars, WIXIW
               Peaking Lights, LUCIFER 
Raphaël: Jam City, CLASSICAL CURVES
                Peaking Lights, LUCIFER 

Titre du mois:
Pierre:    Baauer, "Harlem Shakes"
               Psycho-Horses, "The Youth" 
Julien:     Here We Go Magic, "Make up Your Mind"
               Four Tet, "128 Harps"
Raphaël: Nathan Fake, ''Iceni Strings''


Pierre : En mai, j’ai inauguré la nouvelle rubrique Trash Love pour parler de la musique qui travaille sur des déchets sonores. Le choix de Death Grips fut des plus judicieux, ces derniers ayant fait fort en fin d’année : cover d’album avec une bite tatouée, diffusion de l’album en avance, licenciement du label. Death Grips s’affirment comme une des rares formations à succès et sans compromis. Big up. Reste à savoir si cette rubrique et ce genre de musique perdurera en 2013.

Julien : Je pense que oui, ce d'autant plus que l'indie n'est plus qu'un terme dépassé et surtout cocufié.  Fin mai, je publiais un article sur BLOOM, quatrième album de Beach House, si humbles et pertinents jadis, carrément pompiers et prétentieux en 2012. Liars présents aussi ce mois-ci, avec un album (WIXIW) que j'ai un peu trop rapidement encensé, répondant un peu trop synthétiquement au flippé SISTERWORLD et pourtant bien plus prégnant quelques années après.

Pierre : Quand je me repenche sur ce mois-ci, je me sens comme quand je repense à un film génial mais dont j’aurai oublié l’intrigue. Ainsi, je me souviens et ne doute pas de la grande qualité des albums de Mi Ami et surtout Peaking Lights mais je me rends compte qu’ils ne m’ont pas véritablement marqué et que je n’ai les écouté que peu de fois. Julien, t’as les mêmes symptômes ? Comme souvent, l’album que j’aurai du mettre en album du mois fut celui chroniqué en avance par Raphael : CLASSICAL CURVES de Jam City. Ce dernier accroche autant qu’il trouble par ses contrepieds et se laisse difficilement oubliés.

Julien : A moitié d'accord, ayant oublié plus que la moitié des albums chroniqués (Tu Fawning, Dntel, Japandroids, Here We Go Magic - hormis un titre, "Make up Your Mind"). Bobby Womack et son THE BRAVEST MAN IN THE UNIVERSE du grand retour n'aura pas ce statut d'album classique malgré d'honnêtes intentions et une production luxuriante. Par contre, dans un tout autre registre, je reste encore complètement soufflé par GALAXY GARDEN de Lone, qui fait aussi selon moi partie des meilleures sorties électroniques de l'année. Un grand album à caser entre les nouveaux Flying Lotus et Andy Stott. De quoi terminer parfaitement les mois frais.

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Summertime 2012

Illustration: Vincent Tille
Pierre:   Cooly G., PLAYIN' ME 
             John Maus, A COLLECTION OF RARITIES (…)
             Compilation: THIS AIN'T CHICAGO (…)
            
Julien:  Dirty Projectors, SWING LO MAGELLAN
            BEAK>, BEAK>
            Frank Ocean, CHANNEL ORANGE

Raphaël: Gel Set, 'CELL JETS
                CAN, THE LOST TAPES
Com Truise, IN DECAY

Pierre : Pour se mettre à la bien, chacun de nous avait choisi trois albums pour rythmer l’été. Pour ma part, je dois dire que la compilation de raretés de John Maus a fini par me lasser. Non que la qualité ne soit pas au rendez-vous, mais l’absence de cohérence et de titres rend le tout très vite insipides. Ce n’est pas le cas du très bon album de Cooly G et surtout de la compilation, cette fois-ci cohérente, de house et acid britannique, THIS AIN’T CHICAGO, qui promettait une fin d’année hyper house. Avec 24 titres hallucinants, elle gagne haut la main le titre de compilation de l’année.

Julien : Pour ma part, j'avais associé étrangement krautrock moderne, postpunk arty et grosse crème R&B. Finalement, c'est ce dernier style qui s'est imposé sur la durée et a consacré Frank Ocean comme l'un de ses héros. On avait tous envie d'être bien love en cet été, Ocean nous en a donné des tonnes. Et vendu pas mal de rêve avec sa facilité arrogante à aligner les titres à faire craquer n'importe quel austère personnage. Léger mais subtile, la langue déliée, le buste saillant mais le groove conséquent. Ocean évite le piège de l'emphase et s'emboîtera parfaitement avec le premier LP de Kendrick Lamar, sorti quelques mois plus tard. 

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Rentrée 2012

Illustration: giom 
Disque du mois
Pierre:     Animal Collective, CENTIPED HZ
Raphaël: Vessel, ORDER OF NOISE
                Lukid, LONELY AT THE TOP
Julien:      Flying Lotus, UNTIL THE QUIET COME
            Nitty Scott, MC, THE BOOMBOX DIARIES 

Singles du mois 
Pierre: Flume, "Insane"
            Zsa Zsa, "Something Scary"
Julien: Andy Stott, "Numb"
            Laetitia Sadier, "Find Me (…)
Raphaël: Fatima Al Qadiri, "Ghost Raid" 


Pierre : La remise en route fut un peu difficile pour moi et peu de disques chroniqués pour cette rentrée. Deux albums présents méritaient sûrement plus de lumière : Animal Collective décrié et souvent passé inaperçu, CENTIPEDE HZ fourmille néanmoins d’inventivité et de titres ultra denses. Fini les tubes et les fulgurences pour un groupe qui semble être passé du côté des formations expérimentées. De son côté, l’EP de Group Rhoda est un des grands oubliés des top de fin d’année. Un superbe album composé avec plein de délicatesse.


Julien : Difficile à dire pour Animal Collective. J'étais assez convaincu lors de sa sortie mais il m'a manqué une petite dizaine d'écoutes supplémentaires. Ou ces mois de recul qui me permettent de nuancer mon propos: cette "zouk à l'envers", trance pop, tend plus vers le raffut que la symbiose mélodique. Par contre je reste totalement convaincu de UNTIL THE QUIET COME de Flying Lotus, qui pour moi est dans les cinq meilleures sorties de l'année. Et ce même s'il est possible que ce 4ème LP du Californien soit l'un de ses moins salués. Abouti dans tous les cas toutefois, avec une ligne de conduite solide mais une incursion fabuleuse dans l'âge d'or des productions soul.

Julien : Quant à l'indie, on notera les sorties de xx, Get Well Soon, Purity Ring, Grizzly Bear ou encore Tame Impala. Le second xx confirme à moitié ce que l'on craignait avec le debut album, celui d'avoir affaire à un groupe d'un seul album (sans enterrer Jamie xx au contraire). Grizzly Bear gagne en densité ce qu'il perd en subtilité, ce que l'on regrette car VECKATIMEST avait su en 2009 jouer sur les silences et les nuances. Sinon, Tame Impala légèrement en-deçà du premier LP, mais LONERISM réussit presque à raffler la mise dans les classements 2012. Reste des compétences scéniques hors-normes. Pour terminer, Raphaël place Vessel et Lukid et leurs LPs respectifs dans ton top du mois: bien vu pour le petit nouveau de la rubrique qui prouve avoir souvent un temps d'avance. Préférence personnelle au sophistiqué ORDER OF NOISE de Vessel.


Lire le Speaches de la rentrée 2012 ici



Novembre 2012

Illustration: giom
Disques du mois
Pierre: Andy Stott, LUXURY PROBLEMS
           Kendrick Lamar, GOOD KID M.A.A.D. CITY
Raphaël: Lorenzo Senni - QUANTUM JELLY
               Andy Stott, LUXURY PROBLEMS
 Julien: Andy Stott, LUXURY PROBLEMS

Singles du mois
            Fatima Al Qadiri, "War Games"
            Stay+, "Crashed"
Raphaël: Holly Herndon, "Fade"
Julien: Mac DeMarco, "Ode to Viceroy"


Pierre : En cette fin d’année prétendument apocalyptique, on a connu une masse d’albums de très bonnes factures, heureusement qu’on était trois pour n’en rater aucun (How To Dress Well, Fatima Al Qadiri, Soft Moon et Lorenzo Senni). Malgré cette abondance, il y eut, ce qui est heureusement rare, unanimité quant à l’album du mois. Ce n’est pas un hasard tant LUXURY PROBLEMS d’Andy Stott est un des albums les plus aboutis et réussis de 2012. Au point de dépasser d’une courte tête la bombe Kendrick Lamar.

Julien : Oh oui, Andy Stott au-dessus du lot; c'est presque une surprise de retrouver le Mancunien aussi fort avec ce disque qu'on peut décrire comme parfait et (car) d'époque. La production est sûrement ce qui fait ce de LP la pièce maîtresse de ce disque entre techno et dub avec une finesse associée à des coups de massue. J'aurai la chance d'aller expérimenter LUXURY PROBLEMS au Berghain de Berlin début février, avec son sound-system unique. Sinon, hormis Kendrick Lamar et son album poids lourd mais futé, on retrouve un mois de novembre bien électronique, avec l'Italien Lorenzo Senni présenté par Raphaël et qui pourrait bien crever l'écran en 2013, tout comme le Russe Monokle archi-prometteur, Legowelt avec un album-leçon d'histoire du genre, entre house et électronica, Ital, Raime ou encore Hauschka. L'un des mois les plus denses de l'année. 

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Décembre 2012 (non publié)

Illustration: giom




Pierre: En décembre, en plein rush de fin d'année, on a plus pris le temps de faire le bilan de 2012 dans notre Good Times que de réfléchir aux albums sortis ce mois-ci. Les différents best-of sont aussi l'occasion de découvrir des albums qui nous étaient passés à côté tout au long de l'année. Pour moi, ce fut la découverte de KALEIDOSCOPE DREAM de Miguel, du r'n'b' de rêve, ou encore le rap dark de Haleek Maul. Encore quelques titres de rattrapage et c'est parti pour 2013.

Julien : Toujours hip hop avec le nouvel LP d'A$AP Rocky, LONG LIVE A$AP, sorti à la toute fin de l'année. Grosse résonance pour cet album que semble-t-il tout le monde attendait depuis longtemps, featurings d'enfer avec Drake, ScHoolboy Q ou même Skrillex. Histoire aussi de reprendre ton "certaines choses ne sont toujours possibles qu’aux Etats-Unis" avec cette dernière collaboration. Mais nous en parlerons largement lors du premier Speaches 2013. Presque aussi massif (et global), GUTEN TAG signe le grand retour de Paul Kalkbrenner, roi du stadium electro – bien que Skrillex ne soit pas loin derrière le Leipziger. Ici aussi nous y reviendrons, avec quand même pas mal de réserve sur cet album – au point de revoir à la hausse la BO de Berlin Calling. 

Julien : Plus fins, les suisses de Sinner DC sortaient en octobre dernier l'excellent FUTURE THAT NEVER HAPPENED que l'on a malheureusement loupé. Dernière petite preview avec LET IT ALL IN de I Am Kloot, tête de proue des groupes les plus sous-estimés des dix dernières années – aux côtés de Clinic dont nous parlions de FREE REIGN en novembre. Pour terminer, ELEMENTS OF LIGHTS indique la réapparition de Pantha du Prince, qui s'était illustré avec le remarquable BLACK NOISE en 2010. Hendrick Weber collabore avec The Bell Laboratory pour un EP de longues longues tracks, ennuyeuses pour pas mal d'observateurs – "Photon" prouve que le propos sur quatre minutes suffit largement à l'expérimentations entre ces deux entités a priori antinomiques.