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13 mars 2015

Natural Fair: Comment Removal Blues, une exposition online

Illustration: Etienne Garachon pour Natural Fair


Entouré de ses fidèles contributeurs sous l'égide du blog ”Natural Fair”, Think Tank répond à l'invitation d'exposition online du symposium Post Digital Cultures avec PDFs, dossiers Dropbox, comptes Instagram, conférences de Keanu Reeves et autres. C'est ici, alors que les explications sont ci-dessous!

”Comment Removal Blues“ : c'est sous ce titre issu du compte Instagram de Jake Borndal, artiste nord-américain, que notre projet parallèle ”Natural Fair” expose au Museum of Post Digital Cultures, plateforme d’exposition permanente et réflexive du symposium éponyme qui se tient chaque année en décembre à Lausanne. Débuté en 2013 au terme du premier cycle de conférences organisé conjointement par l'Office fédéral de la culture et le festival les Urbaines, ce musée online invite des curateurs externes à diriger temporairement la plateforme afin d' « enrichir le débat et (de) faire connaitre l’initiative à un niveau international » note Elise Lammer dans notre conversation en décembre dernier. Jusqu'alors, Paul Feigelfeld, Pieter Vermeulen avec Christophe Clarijs (”The Ship of Fools”) et Karen Archey ont pu diriger temporairement la plateforme. Avant notre intervention, c'était la Maison des Arts électroniques de Bâle (plus connue sous son nom original, HeK–Haus der elektronischen Künste Basel), qui avait pris possession de cette interface online, réactivant une exposition qui s'était tenue précédemment dans leur institution bâloise et proposant dix-sept ”pièces”, du texte de Ross Andersen à l’incroyable documentaire ”Space Maintenance/Lost in Space” de la NASA.

Dans le cadre de notre travail de médiation ”Natural Fair” a ainsi été créé en un site au format plus dynamique et réactif que ne l’est celui de ”Think Tank; ce choix de micro-blogging permet non seulement de relayer en direct les conférences mais aussi, dans un second temps (hors période du symposium), de poursuivre la recherche, dans un domaine encore peu connu en Suisse, par l’entremise d’une dizaine d’invités, spécialistes dans le champ des cultures numériques (de l’expert en communication digitale au chercheur en sciences sociales) contribuant à approfondir les ré- flexions en multipliant les pistes et les approches dédiées aux disciplines. Ces mêmes invités ont donc été re-convoqués pour travailler en collaboration sur cette exposition collective; se voulant elle-même réflexive sur son activité éditoriale, elle rassemble des contributions personnelles aux profils variés, de l'artiste français Arthur Fouray (Paris/Lausanne), membre de l'offspace lausannois Silicon Malley, à Sophie Yerly, fondatrice et rédactrice de l'excellent site We Find Wildness, du designer parisien Etienne Garachon à Yan Luong, spécialiste suisse en communication digitale en passant par la politologue basée à Londres Manon Mouron ou les artistes et curateurs Myriam Ziehli (co-responsable du projet Aaluägä) et Loïc Sutter (membre du collectif Où êtes vous tous?) Rédacteur en chef du magazine suisse-allemand zweikommasieben, Remo Bitzi s'est joint à l'exposition par l'entremise d'une précédente collaboration avec Think Tank. Pour terminer, notre structure éditoriale est représentée elle par le chercheur en sciences sociales et historiques Pierre Raboud, le curateur musical Raphaël Rodriguez, membre entres autres du label genevois Danse Noire, ainsi que de Julien Gremaud (photographe et éditeur) qui a coordonné l'exposition.

”Comment Removal Blues” entend plonger le visiteur du Museum of Post Digital Cultures dans les nouvelles manifestations issues du publishing et refléter la fin des illusions d'une contribution entièrement positive et désintéressée sur Internet : ainsi, comment les artistes, curateurs, protagonistes enthousiastes ou désenchantés établissent différentes stratégies d'interventions sur le web, que ce soit le fait de commenter, de détourner ou de re-contextualiser des activités médiatiques (ou des travaux artistiques) et diverses expériences en réseaux? A l'instar de la série d'articles de la journaliste Eva Holland à propos de l'impact des commentaires sur le site The Atlantic, « les multiples façons d'interagir avec un contenu pré-existant sur Internet peuvent en effet remodeler non seulement le sens mais aussi biaiser l'intention première, conduisant parfois à l'oubli quasi-complet du contexte d'origine de publication » ajoute Elise Lammer. C'est ce dernier point que relève l'artiste nord-américain Brad Troemel dans son article paru dans The New Inquiry, ”The Accidental Audience”, réagissant aux déclarations du directeur du MOCA de Los Angeles à propos de la nouvelle identité du public d'expositions  d'art (ne distinguant plus le public de l'entertainment de celui de l'art). Par ailleurs, nous pouvons aussi situer la récente polémique autour du nouvel album de Future Brown dans la presse musicale anglo-saxonne, où deux critiques avaient reproché à ce disque d’être trop théorique, au point de faire passer la musique (et son contenu artistique) au second plan, comme autre point d'encrage de cette exposition. Toutefois, ces deux exemples de ”dons” ne pourraient cependant pas résumer l'entier de la proposition de Natural Fair (à voir jusqu'au milieu du mois d'avril sur le site). ”Comment Removal Blues” pourrait malgré tout se synthétiser en ce dessin de Liana Buszka, Wetiko, 2010, contenu dans le dossier Dropbox de Myriam Ziehli, décrivant ce monstre – issu de la mythologie des Amérindiens algonquiens du Canada, qui s'est étendue à tout le folklore d'Amérique du Nord – cannibalisant sa propre culture ainsi que celle des autres.

Nous tenons à remercier nos contributeurs réguliers de Natural Fair et plus spécialement le symposium Post Digital Cultures et Elise Lammer pour cette exposition.

L'exposition est à voir ici 



Illustration: capture d'écran de l'exposition online