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| Crédit photo: SplitShot™ |
18 trous, une buvette, des parcours stylisés, la vie simple. Think Tank a toujours eu pour volonté de s'intéresser à la culture dans toute sa diversité, avant-gardiste, populaire, exigeante, ou fun. Dans ce cadre, le mini-golf jouit d'une place particulière dans notre coeur, héritage ludique de la société des loisirs.
Le mini-golf apparaît en 1912, en Angleterre, comme à peu près tous les sports modernes. Il a d'abord comme fonction de permettre aux golfeurs anglais urbains de s'entrainer aux coups rapprochés lorsqu'ils sont loin des parcours. Il est d'ailleurs construit de façon à en imiter la matière. C'est dans l'après-Seconde guerre mondiale qu'il devient un sport populaire. Un parcours et une matière spécifique sont alors définis par l'architecte suisse Paul Bongni en 1953, fixant des standards qui sont toujours d'actualité. Ce jeu s'inscrit ainsi dans le développement de la société des loisirs et du tourisme, suite à l'augmentation du pouvoir d'achat et des congés payés de mise dans la majorité des pays occidentaux. Comme dans d'autres pays, la Suisse voit fleurir des parcours de mini-golf dans ces villes et ces stations. Le mini-golf représente ainsi la transformation d'un sport compliqué techniquement et réservé à une élite en un sport de loisir populaire accessible à tous. Y jouer, y gagner ou perdre, pour les non-licenciés, revient presque autant à la maitrise qu'à la chance ou à l'assurance. En ce sens, il renverse l'exigence d'apprentissage sélectif, la figure de l'habitué remplaçant celle du sportif d'élite en haut du palmarès.
Surtout se rendre dans un minigolf aujourd'hui, c'est accéder à un héritage d'une époque où les loisirs populaires se devaient de posséder les meilleurs atours. La société de l'Etat-Providence érigeait le confort et le loisir en nouvelles normes. Il ne s'agit pas ici de prétendre que cette société était tellement mieux que celle que nous vivons actuellement, mais de pointer le fait qu'aller au minigolf aujourd'hui représente une expérience d'un loisir différent de ceux produits actuellement. Les loisirs étaient alors pensés comme la construction concrète d'un espace merveilleux. A l'instar du zoo, le mini-golf est un lieu séparé du reste de la ville, souvent situé dans un des endroits les plus idylliques. Y pénétrer, c'est s'immerger dans une mise en scène d'un monde miniature avec ses fleurs, ses ponts, ses décorations. Chaque trou est une découverte (comme l'indique l'illustration), qu'il s'agit d'étudier pour en comprendre les passages, les embuches, les défauts de constructions. La réussite tient aussi autant à la maitrise de la canne qu'à la connaissance ou à la chance de faire suivre à sa balle le bon trajet. Parmi les highlights de cette déambulation ludique, mes préférences vont au plan d'eau, accompagné de son filet pour repêcher les balles échouées, et à la disparition de la balle lors du dernier coup. Voici une sélection de quelques minigolfs à même de proposer ce type d'expériences :
Le plus beau : Leysin. Dans le creux d'un virage, ce parcours entretenu avec soin respire l'amour : vue sur les montages, fleurs et décorations en tout genre, chien qui se ballade. Les trous sont classiques mais possèdent tous les must : le plan d'eau, le pneu de tir en force.
Le plus exotique : Lucerne. Évidemment au bord du lac et à proximité du musée des transports, ce parcours détonne à la fois par certains trous moins habituels, une décoration originale et surtout la présence de perroquets.
Le plus accidenté : Morgins. A l'image de sa station, ce minigolf se trouve devant un bar et mélange grandeur (un pont en bois) et n'importe quoi très drôle (des passages trop petits, des fissures entre deux modules). Certains coups semblent impossibles, une seule solution y croire tout en s'en foutant.
Je vous laisse sur une vidéo de mini-golf à Londres. Difficile de dire si cette dernière prouve le caractère culturel du mini-golf ou plutôt la capacité de cette ville à sodosoper toutes pratiques sociales.
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