Illustration: Johanne Roten |
Du duel chez Think Tank, ça manquait. Il suffisait d'un blockbuster US pour que cela se produise et voici désormais une belle confrontation de critiques, à lire ci-dessous dans le Speaches de novembre. Sinon, nous vous présentons des activités automnales heureuses dans lesquelles nous vous présentons de quoi bouquiner, de quoi regarder, de quoi écouter, de quoi fuir, de quoi rester. Et comme à chaque fois, c'est étonnant. Franchement, en 2014, quel média réussirait à aligner dans un article Sade, Ariel Pink et ASAP MOB ? J'en vois un dans le coin qui rigole. Est-ce Nolan ou Yves Ravey qui te fait rire ?
LA CREME DU MOIS
Colin Pahlisch: Lire : Enlèvement avec rançon d’Yves Ravey
On pensait le polar contemporain réservé, dans sa splendeur et sa violence, aux Nordiques. C’est mal connaître, ou ne pas connaître du tout ce qui était le cas de votre serviteur, Yves Ravey, romancier français prolixe et simenonien. À lire, pour débuter et parce que c’est haletant, Enlèvement avec rançon (2010) chez Minuit, ou comment deux frères règlent les comptes de leur séparation en kidnappant la fille du patron de l’un deux. Mauvaise idée, on s’en doute. N’empêche que le récit absorbe (l’ambiance hivernale qui baigne le roman n’y est sans doute pas étrangère), les personnages étonnent (dans leur épure), et par un après-midi pluvieux on trouve difficilement plus jouissif. Avis !
Pierre Raboud: Interstellar de Christopher Nolan
Au risque de prendre l'avis contraire de notre chef de rubrique cinéma, j'ai été plutôt convaincu par le dernier Nolan. Dans une métaphore, prétentieuse il est vrai, avec le protagoniste principal, Nolan se veut celui qui refuse de se contenter de la seule survie pour viser l'exploration et l'invention. Et il faut reconnaitre une ambition certaine à Interstellar, bien loin de ses contemporains. Le réalisateur ose autant le gigantisme de planètes désertiques que le cloitrement dans des silences terribles; autant le discours scientifique prenant le pari de ne pas prendre les spectateurs pour des imbéciles que le pathos immédiat père/fille. La qualité du spectacle proposé est alors autant visuel que référentiel, abordant des thèmes qui ont toujours été sujet à la fascination populaire: l'espace, les autres dimensions ou encore la condition humaine. Alors que cela semblait impossible, Nolan parvient même à faire se rejoindre cette multitude dans un point unique, l'énigme scientifique et l'amour finissant par se rencontrer au-delà de l'horizon.
Maxime Morisod: pom pom de Ariel Pink
Mis à part la victoire de Fedrinka en Coupe Davis, notons l'excellent dernier album de Ariel Pink qui répond au doux nom de "pom pom". Un disque qui répond aux plus belles déclinaisons des influences du Katerine américain, entre Brian Eno et Of Montreal, en plus punk, plus direct et aux douceurs parfois étonnante comme avec l'excellente titre One Summer Night. Ne passez pas à côté de sa dernière vidéo qui, pour ceux qui ne le connaissent pas, vous mettra tout de suite dans l'ambiance. Un très beau cadeau avant la fin de l'année. Et après les fêtes, rejoignez Monsieur Pink en concert le 8 mars au Mascotte à Zürich.
On pensait le polar contemporain réservé, dans sa splendeur et sa violence, aux Nordiques. C’est mal connaître, ou ne pas connaître du tout ce qui était le cas de votre serviteur, Yves Ravey, romancier français prolixe et simenonien. À lire, pour débuter et parce que c’est haletant, Enlèvement avec rançon (2010) chez Minuit, ou comment deux frères règlent les comptes de leur séparation en kidnappant la fille du patron de l’un deux. Mauvaise idée, on s’en doute. N’empêche que le récit absorbe (l’ambiance hivernale qui baigne le roman n’y est sans doute pas étrangère), les personnages étonnent (dans leur épure), et par un après-midi pluvieux on trouve difficilement plus jouissif. Avis !
Pierre Raboud: Interstellar de Christopher Nolan
Au risque de prendre l'avis contraire de notre chef de rubrique cinéma, j'ai été plutôt convaincu par le dernier Nolan. Dans une métaphore, prétentieuse il est vrai, avec le protagoniste principal, Nolan se veut celui qui refuse de se contenter de la seule survie pour viser l'exploration et l'invention. Et il faut reconnaitre une ambition certaine à Interstellar, bien loin de ses contemporains. Le réalisateur ose autant le gigantisme de planètes désertiques que le cloitrement dans des silences terribles; autant le discours scientifique prenant le pari de ne pas prendre les spectateurs pour des imbéciles que le pathos immédiat père/fille. La qualité du spectacle proposé est alors autant visuel que référentiel, abordant des thèmes qui ont toujours été sujet à la fascination populaire: l'espace, les autres dimensions ou encore la condition humaine. Alors que cela semblait impossible, Nolan parvient même à faire se rejoindre cette multitude dans un point unique, l'énigme scientifique et l'amour finissant par se rencontrer au-delà de l'horizon.
Maxime Morisod: pom pom de Ariel Pink
Mis à part la victoire de Fedrinka en Coupe Davis, notons l'excellent dernier album de Ariel Pink qui répond au doux nom de "pom pom". Un disque qui répond aux plus belles déclinaisons des influences du Katerine américain, entre Brian Eno et Of Montreal, en plus punk, plus direct et aux douceurs parfois étonnante comme avec l'excellente titre One Summer Night. Ne passez pas à côté de sa dernière vidéo qui, pour ceux qui ne le connaissent pas, vous mettra tout de suite dans l'ambiance. Un très beau cadeau avant la fin de l'année. Et après les fêtes, rejoignez Monsieur Pink en concert le 8 mars au Mascotte à Zürich.
LE PETIT LAIT DU MOIS
Colin Pahlisch: Fuir... André
Les échos que produit autour d’elle la compagnie belge tg STAN sont en général positifs. Au vu de leur dernier opus théâtral, on le comprend difficilement. De par la teneur, d’abord : imaginez un spectacle statique (les deux personnages sont assis à la table d’un restaurant, et mangent) sans trame ni ligne de fuite. L’un parle, l’autre proteste, le propos tourne en rond, inlassablement. La longueur, ensuite (3h30), sans pause et sans humour. Si le public tente de désamorcer l’ennui en quittant (discrètement) la salle, il est apostrophé et pointé par les comédiens. L’ensemble tient d’ailleurs beaucoup de la prise d’otage, d’autant que la salle est allumée en permanence, histoire d’optimiser l’identification. À cela s’ajoute la torture de voir les deux glandeurs bâfrer tout au long de la « performance » des mets exquis à la barbe d’un public qui, lui, a dû jeûner pour être à l’heure. Fuyez, pauvres fous !
Pierre Raboud: ASAP MOB à Zürich
Des mauvais concerts, il m'est arrivé d'en voir. Mais celui-ci est peut-être le pire de ma vie. Dans la salle sans âme du Komplex 457 à Zürich, il faut dire que les conditions sont difficiles. Faire une queue d'une heure sous la pluie alors qu'on a du billet et passer l'album complet de System of a Down à un public attendant un concert de hip hop relève la prouesse organisationnelle. On aurait volontiers tout oublier des circonstances, si le concert n'avait pas fait preuve de la même médiocrité: ASAP Rocky a perdu sa voix, les autres ne font rien pour compenser cette abscence, le tout dure moins d'une heure où les playback auront joué une part importante. Même les meilleurs titres tombent à plat. Grosse déception.
Maxime Morisod: le trailer de Jurassic World
Entre Interstellar, Mirka Federer le trailer de Jurassic World ou encore le dernier Ozon, de belles promesses labelisées "petit lait" s'entassent ce mois-ci dans cette section. On va se délecter avec l'odieux trailer de Jurassic World qui laisse espérer un film doté d'un scénario aussi vide que la Pontaise au mois de février. Le plus drôle sont peut-être les commentaires des scientifiques américains, fins analystes de l'objet. Suivez le lien.
Les échos que produit autour d’elle la compagnie belge tg STAN sont en général positifs. Au vu de leur dernier opus théâtral, on le comprend difficilement. De par la teneur, d’abord : imaginez un spectacle statique (les deux personnages sont assis à la table d’un restaurant, et mangent) sans trame ni ligne de fuite. L’un parle, l’autre proteste, le propos tourne en rond, inlassablement. La longueur, ensuite (3h30), sans pause et sans humour. Si le public tente de désamorcer l’ennui en quittant (discrètement) la salle, il est apostrophé et pointé par les comédiens. L’ensemble tient d’ailleurs beaucoup de la prise d’otage, d’autant que la salle est allumée en permanence, histoire d’optimiser l’identification. À cela s’ajoute la torture de voir les deux glandeurs bâfrer tout au long de la « performance » des mets exquis à la barbe d’un public qui, lui, a dû jeûner pour être à l’heure. Fuyez, pauvres fous !
Pierre Raboud: ASAP MOB à Zürich
Des mauvais concerts, il m'est arrivé d'en voir. Mais celui-ci est peut-être le pire de ma vie. Dans la salle sans âme du Komplex 457 à Zürich, il faut dire que les conditions sont difficiles. Faire une queue d'une heure sous la pluie alors qu'on a du billet et passer l'album complet de System of a Down à un public attendant un concert de hip hop relève la prouesse organisationnelle. On aurait volontiers tout oublier des circonstances, si le concert n'avait pas fait preuve de la même médiocrité: ASAP Rocky a perdu sa voix, les autres ne font rien pour compenser cette abscence, le tout dure moins d'une heure où les playback auront joué une part importante. Même les meilleurs titres tombent à plat. Grosse déception.
Maxime Morisod: le trailer de Jurassic World
Entre Interstellar, Mirka Federer le trailer de Jurassic World ou encore le dernier Ozon, de belles promesses labelisées "petit lait" s'entassent ce mois-ci dans cette section. On va se délecter avec l'odieux trailer de Jurassic World qui laisse espérer un film doté d'un scénario aussi vide que la Pontaise au mois de février. Le plus drôle sont peut-être les commentaires des scientifiques américains, fins analystes de l'objet. Suivez le lien.
LE PAIN SURPRISE DU MOIS
Colin Pahlisch: Etonnement sadien !
Sade, c’est une œuvre difficile. Un type difficile, aussi, à en lire la biographie. Détesté du clergé, héros des libertins, emprisonné en tout 27 ans, le marquis réputé « divin » fait l’objet d’une exposition phare au Musée d’Orsay jusqu’en début d’année prochaine. A priori tous les éléments s’alignaient comme des noix sur un bâton, avec le risque que ça s’effondre... et pourtant. La perspective cruratoriale est finaude, la perspective diversifiée, et l’exposition elle-même généreuse. Autant de raisons d’aller se confronter au « divin » sans scrupules et de s’interroger sur la violence sous-jacente qui guide les règles structurant notre ethos social... une bouffée critique bienvenue, preuve que, même au XXIème siècle, les Lumières ont encore du chemin à faire vers la liberté.
Pierre Raboud: LADIES AS PIMPS de Laps
Sade, c’est une œuvre difficile. Un type difficile, aussi, à en lire la biographie. Détesté du clergé, héros des libertins, emprisonné en tout 27 ans, le marquis réputé « divin » fait l’objet d’une exposition phare au Musée d’Orsay jusqu’en début d’année prochaine. A priori tous les éléments s’alignaient comme des noix sur un bâton, avec le risque que ça s’effondre... et pourtant. La perspective cruratoriale est finaude, la perspective diversifiée, et l’exposition elle-même généreuse. Autant de raisons d’aller se confronter au « divin » sans scrupules et de s’interroger sur la violence sous-jacente qui guide les règles structurant notre ethos social... une bouffée critique bienvenue, preuve que, même au XXIème siècle, les Lumières ont encore du chemin à faire vers la liberté.
Pierre Raboud: LADIES AS PIMPS de Laps
Gros coup de coeur musical de cette fin d'année, l'album LADIES AS PIMPS du duo écossais Laps. Version hantée de ESG, les sept titres de cet EP délivre un groove de cave, toride, enfumé, disco et expérimental, avec des instruments électroniques aux airs rock débouchant sur des parties plus sombres et techno. "Dirty Guys Dirty Corners" constitue l'entrée en force d'un super groupe au super nom.
Maxime Morisod: Amen Dunes et Refroidis
La première moitié du dernier album de Amen Dunes, avec en ouverture l'énorme Child Love qui vaut à lui seul tout le reste de la discographie de Bright Eyes et Herman Düne réunis. Côté cinéma, petite surprise norvégienne avec le long-métrage de Hans Petter Moland qui a comme très mauvais titre français, Refroidis (en vo: In Order of Disappearance, plus convaincant) avec au casting l'excellent Stellan Skarsgård, acteur fétiche de Lars Von Trier. Le film varie entre une ambiance proche de Fargo et une teinte d'uhumour noir nordique. Un véritable délice et encore au cinéma en Suisse romande.
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