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28 août 2014

Nox Orae 2014

Illustration: Guillaume Dénervaud pour Nox Orae (adaptation)
Nox Orae, 5ème édition. Une double nuit du rivage pour terminer de la meilleure des façons un mois d'août avare en soleil: cinq groupes internationaux entourés par trois formations helvétiques du cru se succédant sur une scène unique, un cadre toujours aussi idyllique dans la Riviera, une identité réaffirmée et un public qui s'élargit. L'année de la plénitude pour l'un des plus jeunes festivals de Suisse romande (et peut-être l'un des plus attachants) ? Peu avant les premiers feux, incursion dans l'histoire de la Nox Orae aux côtés de Maude Paley, co-programmatrice et fondatrice de cette excellente adresse.

Julien Gremaud: Thee Oh Sees, Horrors, Warpaint, Esben and the Witch, vous faites très fort pour cette nouvelle édition! Quelles sont tes impressions sur la programmation?

Maude Paley: Merci! J'aimerais ajouter à la liste Unknown Mortal Orchestra que je suis aussi très heureuse d'accueillir à Nox Orae. Joël (Bovy, ndr.) et moi-même, nous programmons à deux, sommes très satisfait de cette affiche. Pour cette 5ème édition, la programmation s'est faite assez facilement et naturellement. Je pense qu'elle reflète bien l'image, le style, qu'on désire donner au festival. Avoir des groupes comme Warpaint ou The Horrors qui sont depuis habitués à faire des grandes scènes et des gros festivals, mais qui ne sont finalement pas très connus du grand public, appuie cela. Nous aimons les stars de la musique indépendante mais qui roulent encore hors des autoroutes de la musique commerciale. Quand je vois Warpaint évoluer entre des scènes de club, en passant par Paléo, jusqu'à une des grandes scènes du Primavera avec 15'000 personnes devant elles cette année, je suis contente qu'elles acceptent de venir se produire dans un petit festival. Différemment, Unknown Mortal Orchestra tient le haut de l'affiche dans beaucoup de festivals américains, mais restent peu connu en Europe.

Julien Gremaud: Thee Oh Sees joueront leur tout nouvel album pour l'occasion.

Maude Paley: On est surtout très contents que Thee Oh Sees, qui ne devait à priori pas tourner cet été, a reçu notre offre et répondu textuellement qu'ils voulaient faire Nox Orae. Nous sommes chanceux et récompensés du travail débuté il y a 5 ans. De plus, je pense que la force de cette affiche est d'avoir des vrais groupes de live. Ce sont surtout des groupes à voir en concerts car c'est sur scène qu'ils montrent leur valeur. De même pour les groupes suisses: Kassette, Solange La Frange, maîtrisent la scène et donnent un véritable spectacle. Cette programmation nous apporte de la reconnaissance du milieu professionnel et cela consolide aussi les fondements fragiles du festival. J'espère que le public sera content lui aussi de cette affiche en live.

Julien Gremaud: Le festival s'est rapidement imposé comme une étape incontournable en Suisse. Nous en parlions sur Think Tank pour la seconde édition: une scène, huit groupes, deux soirs, plus de mille spectateurs. Mais aussi une cohérence dans la programmation, une attention minutieuse aux visuels, poussant l'obsession jusqu'aux bracelets de pass, un sonorisation plus que satisfaisante pour un tel dispositif. Peux-tu revenir sur la première édition du festival, sur un seul soir?

Maude Paley: Dès la première édition qui a eu lieu un seul soir, un mercredi pour avoir Yeasayer, puis la deuxième, un samedi et un dimanche pour avoir Electrelane, on était peut-être un peu "gonflés". C'était un défi qu'on a d'abord lancé en parallèle du Rocking Chair. Le fait qu'on venait du RKC nous imposait des exigences à la hauteur du club: des visuels originaux, un son de qualité, une cohérence entre ce qu'on propose comme programmation et l'image qu'on voulait donner. On ne pouvait pas faire moins bien. D'ailleurs, maintenant qu'on s'est détachés du RKC, on tente de maintenir ses exigences. Avec peu de moyens, on essaie de faire de la qualité. Les bracelets, les bâches de scène, les affiches,... doivent refléter un choix esthétique qui fasse écho à la programmation. Nos choix musicaux doivent être cohérents. On tente de garder une ligne, difficile à expliquer, depuis la première édition. Mais c'est très subjectif et basé surtout sur nos goûts personnels et sur ce qu'on estime qui plaira au public mélomane de Nox Orae.

Julien Gremaud: Tu parlais toutefois des fondements fragiles; l'an passé, une soirée a été annulée n'est-ce pas? Comment vous prenez en compte ce facteur chance, ou plutôt risque?

Maude Paley: Effectivement nous prenons des risques surtout par rapport à la météo. Nous n'avons pas encore assez de budget pour prévoir des abris ou une structure de chapiteau. L'année dernière, nous avons dû faire évacuer le site et annuler deux concerts (Bombino et Junip) sur cinq car une tempête, non annoncée, nous est tombée dessus et a balayé le festival. C'était de la malchance! Elle a marqué les esprits. Je pense qu'une grande partie du public de cette année viendra pour la musique, mais une autre partie attendra de connaître la météo du jour avant de venir passer un moment à Nox Orae pour son cadre agréable, sans vraiment connaître la programmation. On touche du bois. Mais la fragilité d'un petit festival est toujours financière. C'est un défi perpétuel. Cependant, quand on arrive à avoir un programme tel que celui de cette édition, on se motive pour mener à bien ce projet et on s'en réjouit.

Julien Gremaud: Pourquoi pas un groupe de hip hop ou un artiste de musique électronique lors des prochaines éditions?

Maude Paley: Pourquoi pas! De l'électronique, il y en a toujours un peu... Mélangée à de la pop ou du rock. Ce qui nous importe, c'est que ça soir scénique, donc qu'il y ait un vrai live avec des instruments. Mais, comme exemple, nous étions intéressés de programmer un groupe comme Young Fathers. Nous sommes ouverts. Mais nous n'arrivons pas non plus à toujours avoir les groupes que nous désirons. Et c'est vrai que la majorité sont plutôt entre rock, folk et pop…

Julien Gremaud: La question était piège, aussi parce que la direction musicale est en phase avec le cadre, ce fameux rivage. A propos: la lutte doit être féroce quand on crée un festival. Est-ce que désormais le lieu et le cadre d'un festival, tout comme son identité qui vont de pair, sont des facteurs qui redeviennent une priorité pour la plupart des groupes qui pourraient potentiellement venir à Nox Orae?

Maude Paley: Je ne pense pas que cela soit une priorité pour un groupe… En tout cas pas en amont. Mais ensuite, ils en parlent en bien. Et ça peut jouer un rôle si on tombe sur des potes. C'est surtout important pour le public, je pense... Mais sinon, oui, c'est une lutte féroce.

Julien Gremaud: En quoi cette édition sera différente des précédentes?

Maude Paley: Déjà, c'est la 5ème! C'est un beau chiffre. De plus, la programmation est intéressante par ses exclusivité. Thee Oh Sees a choisi Nox Orae comme unique date suisse, alors que la tournée européenne était incertaine. Je ne sais pas si elle sera différente des autres, dans le sens où chaque édition est ou a été exceptionnelle. 


Informations
Nox Orae 2014
Vendredi 29 août et samedi 30 août 2014
Jardin Roussy, La Tour-de-Peilz
Suisse

Vendredi 29 août: 
Portes: CHF 45.- 
Prélocation: CHF 40.- + taxe

Samedi 30 août:
Portes: CHF 40.- 
Prélocation: CHF 35.- + taxe

Pass 2 jours sold out

Site internet du festival