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Photo: Installations de Zines of the Zone / ”I Forgot I Was Here”, Iphygenia Dubois |
50 villes en 5 mois, c'est le programme de Zines of the Zone, merveilleuse initiative de jeunes gens de Nantes autour du livre photo auto-publié. De passage au Café des Mouettes de Vevey sur invitation du collectif local RATS, cette bibliothèque itinérante a déployé ses étagères mobiles et proposé une sélection de publications. On y plonge sans détours.
Note pour le futur visiteur: Zines of the Zone ne possède pas de tiroir-caisse, merci de vous adresser aux auteurs desdits livres présents sur les étagères extensibles pour effectuer vos achats. Voici sans doute l'un des meilleurs effets de cette entreprise originale créée par Julie Hascoët et Guillaume Thiriet. Aucun achat possible – comme l'entend une bibliothèque – à l'heure de la
hype autour des livres auto-publiés et, ce faisant, de facilités offertes par des libraires telles que Motto ou Printed Matter ? Le collectif formé autour de ce projet, Mutinerie, ne prend pas pour autant une position anti-mercantile et anti-Internet, du fait de la promotion offerte à ces ouvrages
On Tour à travers l'Europe. Il s'agit avant tout en effet de diffuser le plus largement des publications à tirage limité (entre 5 et 500 exemplaires), auto-édités, et surtout non distribués. De fait, procéder de la sorte plutôt qu'ouvrir un énième blog
tendance est on ne peut plus honorable. Zines of the Zone va même plus loin dans chacune de ses étapes entre la Serbie, le Portugal ou la Scandinavie. « De janvier à juin 2014, nous partons pour cinq mois de route, à la rencontre des différents acteurs du mouvement, en vue d'échanger autour des pratiques de l'auto-édition, de développer un réseau européen, de collecter de nouveaux ouvrages qui intégreront le fonds, et de sensibiliser le public à cette pratique émergente. Nous organisons des événements (expositions, débats,
workshops, concerts) à chaque étape du tour » relève
Julie Hascoët sur son site personnel.
« Les livres semblent avoir une courte durée de vie. Peu de temps après leur publication, ils disparaissent rapidement: ils sont soit très vite échus ou leurs auteurs ne savent pas vraiment comment gérer la distribution et / ou la présentation. Nous avons décidé de créer un lieu qui pourrait agir comme une capsule pour ces objets éphémères » déclarent ces Nantais sur le site internet d'
Akina Books, petite maison d'édition londonienne. L'autre point remarquable est ce véritable retour à d'anciennes pratiques d'itinérances à l'aide d'un vieux bus (il fallait voir cette oeuvre d'art). Toujours sur le même site, ils précisent cette position romantique, à l'ancienne. «Certains y verront une référence aux artistes de cirque, aux ravers-voyageurs, aux poètes de la Beat Generation ou aux gitans (…). "Do It Yourself" est notre devise même si nous ne sommes pas opposés à Internet. Nous sommes des nomades tendance punk-geek, des néo-pirates possédant une bibliothèque Open Source. Mais notre projet n'existerait pas sans Internet: les blogs ont beaucoup aidé parce que nous avons pu connaitre un grand nombre de
publishers de l'étranger et pu créer une base de données avec leurs contacts. Le tour a été organisé plus d'une année à l'avance à coup d'e-mails envoyés aux petites organisations et maisons d'éditions locales (…). Maintenant nous allons rencontrer tous ces gens sur place, pouvoir mettre un visage sur chaque livre, collecter et diffuser de nouvelles histoires ».
IRL c'est toujours mieux en effet. Si votre serviteur a profité de l'étape suisse pour y tenir une conférence sur un projet de publication, précédant Colin Pahlish qui tient sa chronique littérature et art contemporain ici-même, on ne pouvait manquer,
smartphone dans une main, livres dans l'autre, de photographier une série de ceux-ci, où les surprises et découvertes furent nombreuses. Bien entendu, certains ouvrages sont publiés, à l'instar d'un Peekasso chez
Taube ("Art Should Have Nothing To Do With Money", tout un programme pour cet artiste new-yorkais), ou d'"A To B" de
John MacLean chez Hunter & James, mais la grande majorité sont des objets à tirage très limité, rivalisant de débrouillardise et d'audaces éditoriales (peu importe le résultat final, le charme y est). Ci-dessous, quelques ouvrages annotés pour mieux les retrouver dans les méandres du World Wide Web, avec une préférence affichée pour le magnifique petit livre de la photographe belge
Iphygenia Dubois, ”I Forgot I Was Here”, ainsi que des vues d'exposition du collectif Zooscope qui avait partagé les plus belles baies vitrées de la Riviera avec Zines of The Zone sous le titre d'exposition équivoque "Do it (to) yourself". A l'heure où nous publions ces lignes html, la bibliothèque mobile se trouve à Rome. Elle passera par Londres en juin avant de prendre le tunnel sous la Manche pour terminer sa boucle à Bordeaux. Avant de repartir pour un second tour?
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John MacLean, "New Colour Guide" |
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Ana Galan, "Viv(r)e la Vie!" |
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Marketa Kinterova, "Image Orientation Portrait" |
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Gustavo Alaman, "(No) Soy De Aqui" |
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Peekasso, "Art Should Have Nothing To Do With Money" |
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John MacLean, "A To B" |
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Mathieu Tremblin et al., "Diary of the Drift"
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Iphygenia Dubois, ”I Forgot I Was Here” |
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Iphygenia Dubois, ”I Forgot I Was Here” (suite) |
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Collectif, ”Oslo” |
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Vue du Café des Mouettes, étagères de Zines of the Zones et cycle de conférences |
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Vue du Café des Mouettes, "Do it (to) yourself" , une exposition du collectif Zooscope, Lausanne
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Site Internet de Zines of the Zone
Zines of the Zone en tournée, le blog
La base de donnée de Zines of the Zone
Interview par Akina Books
Toutes les i-reproductions: Julien Gremaud