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11 février 2012

MIX TTAPE: Harald Björk (SWE) - Melodic Heroes

Illustration: Burn


Harald Björk est notre nouvel invité dans le cadre de nos mixtapes. Toujours sous l'égide de Soundcloud, elles vont vivre une seconde jeunesse: Think Tank accueille ainsi un collaborateur-acteur du milieu électronique suisse et international pour redynamiser cette rubrique fun. Présentation dudit DJ.

Héraut d'une scène électronique en pleine mutation, le Suédois Harald Björk, après être sorti chez Traum Schallplatten a crée son propre label et se ménage une niche de plus en plus considérable quelque part entre electronica nordique, techno et pop mélancolique. Artiste d'une grâce discrète et poétique, il est le premier à se plier à l'exercice de la nouvelle formule des MIX TTAPES. En quatre questions et un mix, présentation par la musique.

TT: Que pourrais-tu raconter de ton histoire avec la musique ? Comment et quand a-t-elle commencé ?
A l'âge de 7 ans, mon meilleur ami et moi sommes allés chez un vieux voisin qui avait un Portastudio et quelques instruments, des micros. Il nous a aidé à enregistrer des morceaux tout simples et nous a montré comment pitcher nos voix et modifier le son de manière amusante. Et on est repartis avec le tout enregistré sur cassette et l'avons joué à l'école le lendemain ! C'est là que j'ai appris que, finalement, faire de la musique est simple et procure beaucoup de plaisir. Un an plus tard, j'ai commencé à prendre des cours de guitare : je suis tombé amoureux et gardais ma guitare électrique dans mon lit la nuit.... J'ai écouté et joué énormément de Jimi Hendrix et de de blues rock, bref, la musique que tu joues comme lead guitarist. Mon frère et son groupe avaient un local de répétition dans notre cave et c'est là que mes amis et moi avions l'habitude de traîner. Alors, on a commencé à répéter des classiques punk suédois et grunge, cheveux décolorés et longs t-shirts lignés à l'appui.

Après la fin du lycée, j'ai ressenti une forte lassitude vis-à-vis de la musique en groupe. J'ai découvert le hip hop et réalisé que je ne pouvais pas faire ce genre de musique avec une guitare électrique. J'ai vendu mon bien-aimé vélomoteur et ai acheté deux platines et une mixette. J'avais un enregistreur et pouvais enfin faire des overdubs, des breaks, scratcher, ajouter des samples et même de la guitare.
C'est plus tard que je suis arrivé à la musique électronique ; d'abord la trance, puis la trance progressive, puis la techno suédoise dure, jusqu'à arriver à une techno plus mélodique, de la house et de la disco. Je crois que je n'ai jamais été à 100% dans un seul genre, ça ne me ressemble pas.


Alors même que tu produis de la musique électronique, tu donnes le sentiment de flirter avec un côté plus proche de la pop éthérée et naïve. D'où vient cet aspect de ta musique ?
Je crois que ça vient avant tout de la musique avec laquelle j'ai grandi et que j'écoute encore. La majorité de la musique électronique que j'aime est assez pop. La techno moins pop apporte quelque chose quand tu danses ou fais du beatmatching mais je ne ressens pas tellement de plaisir à en écouter à la maison. Je crois que mon domaine, c'est plus les mélodies, les paysages sonores et les émotions que les rythmes.


Tu as crée ton propre label, « Kranglan Broadcast ». Pourquoi ? Est-ce que ça a comblé tes attentes ?
A vrai dire, c'était plus ou moins une réaction a la manière dont j'ai été traité par l'A&R avec lequel j'ai eu à travailler et qui ne me donnait que des retours négatifs et essayait de transformer mes morceaux pour qu'ils correspondent à ses mix. C'est étrange, quand j'y pense : quand tu es jeune et qu'un label réputé veut travailler avec toi, tu as tendance à écouter, à changer, et à t'adapter. Cette expérience m'a énormément déprimé, car je refusais de me plier et que le label s'en plaignait. Par chance, des gens comme Petter ou James Holden m'ont soutenu dans ce que je faisais et m'ont poussé à en faire abstraction.

Ca a été un travail massif que de trouver les personnes avec qui travailler, où presser les disques, trouver le bon distributeur et, lorsque quelqu'un dans toute cette chaîne te lâche alors que tu y as mis tout ton coeur et ton âme, tu te retrouves dévasté. Mais après trois ans de travail, les choses se mettent en place et j'ai maintenant la chance de travailler avec des gens bien, des gens qui remplissent mes attentes. C'est fantastique de pouvoir sortir la musique que tu aimes, choisir l'artwork, créer quelque chose dont tu es fier à 100%. Mais de l'autre côté, tu dois mettre chaque centime de ta poche pour financer tes projets de rêve et c'est d'autant plus difficile de prendre ces risques lorsque tu ne fais pas de la musique taillée pour le dancefloor. 


Quelles seront tes prochaines sorties ?
Je viens de sortir un remix pour une artiste indie suédoise appelée Noonie Bao qui monte vraiment. Ca a été un processus vraiment agréable, utilisant des samplers et la quasi-totalité du matériel que j'ai accumulé durant des années. J'ai évolué dans une liberté artistique totale et me suis senti un peu nu lorsque j'ai présenté le résultat, mais le feedback a été fantastique jusqu'à maintenant.
D'autre part, j'ai trois nouveaux morceaux qui n'attendent plus que leur touche finale, donc je m'apprête à sortir un nouvel EP sur mon label ce printemps, ainsi que deux ou trois nouvelles vidéos. Et je continuerai à embarquer des excellent remixers à bord, ayant jusqu'à maintenant eu la chance de rencontrer les meilleures personnes de la scène. J'aime découvrir des nouvelles approches talentueuses, des nouvelles manières de créer, donc avoir des gens créatifs qui retravaillent mes morceaux est un honneur.