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17 décembre 2011

Musikunterstadl: C'est L'Hiver! Festival à Morgins

Illustration: Burn
Dans la station valaisanne de Morgins, une bande de jeunes s'acharne à mettre sur pieds depuis 9 ans un festival qui a vu passer des potes, d'anciennes gloires et d'autres groupes super. Retour sur cette édition qui a fait la part belle à la musikunterstald et a plus à nous dire sur ce qu'est un festival de musique en Suisse qu'il n'y paraît.

Il faut être un peu fou pour organiser un festival à Morgins. C'est loin, cela demande de prendre en compte les goûts d'un public pas forcément ouvert à une musique un peu exigente  et surtout réussir à gérer tout ça de manière auto-gérée, qui plus est sans aide de la commune. Même si la configuration du programme cette année est sûrement due, en partie,  au hasard, elle semble figurer l'image même d'un festival bien de chez nous, un festival du terroir, avec d'un côté la tête d'affiche aux paillettes un peu, voir carrément, dépassées, et de l'autre des produits authentiques de la région. Pour ce qui est du premier volet, il s'agissait de Gold. Bon voilà, pour remplir une salle de 800 personnes, il faut ce qu'il faut, c'est-à-dire des tubes que tout le monde peut reprendre en choeur même si personne ne connait le groupe par son nom (il paraît que c'est faux pour ceux qui sont déjà allés à un carnaval et qui ont acquis la capacité d'associer le nom de Gold avec les tubes qui en découlent). C'est clair qu'il y a quelque chose de pas très cool à voir ces vieux se la donner sur scène, il n'empêche que le public adore et que les hits des années 80 ont cette aptitude, du fait d'une incrustation dans la mémoire collective, à vous faire adhérer à leurs refrains kitchs, surtout après l'incubation de quelques bières. Et j'avoue sans honte que je me suis bien marré sur "Un peu plus près des étoiles" et "Capitaine Abandonné".


Après avoir parlé de ce qui était là en partie pour appâter le chaland, revenons sur le reste de la programmation, qui se trouve être à 100% suisse. Pour commencer, le premier concert était attribué au gagnant du dernier concours de promotion de groupes de la région, mis en place par le festival, Les Echos. Il s'agit des Bonobo's. Leur rock gentillet et à cordes ne casse pas des briques, mais cela reste de bonne facture pour un jeune groupe et il s'en dégage une sympathie fort à propos dans un début de soirée plutôt calme. Le contraste est violent avec le second groupe, Sound Of Fridge de Martigny. Ici on parle de garage bien punk. Ca tape, ça virevolte, ça crie dans un mégaphone. Si le public est pris à froid, il faut en rejeter la faute sur l'horaire trop peu tardif du set de Sound Of Fridge et la taille de la salle qui ne convient pas vraiment au style joué.  Car leurs chansons sonnent parfaitement et si le genre est bien défini et circoncis, le groupe le maîtrise bien. Bien plus que basique, Sound Of Fridge représente ce genre de trace musicale, où ce qui a déjà été fait perdure en gardant la même fraîcheur et sincérité qu'au moment originel. Pour enchaîner après Gold, il fallait un groupe sérieux et efficacement pop. My Heart Belongs To Cecilia Winter semble être le seul groupe suisse actuel à pouvoir assurer ce rôle et ce fut bien eux qui répondirent présents. Après un temps d'adaptation d'un public qui se retrouve décontenancé à ne plus pouvoir chanter les paroles à tue-tête, la formule marche. My Heart Belongs To Cecilia Winter possède un accessoire scénique qui représente parfaitement leur musique: un fusil à paillettes. On s'en servirait jamais chez soi, mais en live, il faut bien dire que c'est joli et éclatant. Les chansons n'ont rien de bien nouveau et resucent allégrement la pop épique sauce Arcade Fire, mais il faut bien reconnaître que certaines, comme "Eighteen", résonnent comme de véritbables tubes, capables de conquérir n'importe qui. Pour finir la soirée, le festival se mettait en mode club avec le duo bernois, We Love Machines. Un groupe une fois de plus adapté au public local, qui dansa facilement sur les basses puissantes et les montées efficaces d'un set électro, où le propos n'était ni à la finesse, ni à l'expérimentation. La soirée se finissait sur des danses insensées et peut-être une suze de trop. C'est donc cela aujourd'hui le C'est L'Hiver, un festival qui ne cherche pas à se construire une identité au niveau de la programmation, mais qui fait le choix de s'adapter à son environnement, donnant au public valaisan ce qu'il a envie d'entendre et en y ajoutant quelques bons petits groupes, un festival naturellement suisse, un festival terroir.