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15 novembre 2011

Remixes ou l'art du morceau hanté


Extrait de l'épisode 2 des Vampires de Louis Feuillade: "La bague qui tue". Sans son. Lancez le titre de votre choix ci-dessous et profitez. Puis recommencez.

Les musiciens regroupés derrière le label Tri Angle ont décidé de ne pas se contenter de leur sort spectral. En plein élan de prosélytisme, ils ont décidé d'étendre au plus loin leur aura en venant hanter de plus en plus de morceaux via des remixes plus excellents les uns que les autres. C'est parti pour une sélection et un post avec moins de texte et plus de son.

Après avoir vu pas mal de groupes de l'écurie Tri Angle en live (Holy Other et How To Dress Well), avoir appris que Balam Acab donne ces jours-ci son tout premier concert et que Clams Casino n'a presque jamais rencontré les rappeurs pour qui ils signent des productions, on a franchement l'impression que les artistes de ce label sont tous des geek, se cachant derrière leur capuche ou dans leur chambre, pour préparer ces potions envoutantes. Le monde de la musique étant devenu un monde sans frontière, quoi de plus normal que de voir ces apôtres de la musique hantée étendre le spectre de leur musique en triturant d'autres titres dans des remixes hantés au possible. L'art du remix,  faussement considéré comme un moyen de remplir des face b de single ou à rendre club des chansons pas assez dansantes, donne la vraie nature de la musique: jamais finie, chacun à le droit de se l'approprier pour l'emmener toujours plus loin.


Souvent présenté comme le musicien le plus fin de l'équipe Tri Angle, avec ses deux albums tout en  délicatesse, Balam Acab se révèle également un remixeur soigné et sûr de ses coups. S'attaquant à un éventail large, il parvient aussi bien à happer le tube du moment (Lana Del Rey) pour l'emporter dans des clairières aux sonorités soudain profondes, qu'à transformer un vieux tube bien love R'n'B (Ghost Town DJ's) en bombe de sensualité contemporaine, où l'hyperdub devient soudain suave au possible. Il réussit le même exploit en s'attaquant à Twin Sister et Sleep Over, transformant l'émotion indé un peu plate en titres multidimensionnels, où chaque son semble vouloir nous parler.







Lorsqu'Holy Other triture des morceaux, c'est pour y appliquer sa propre sauce. Tout devient soudain plus flippant et plus lent, que ce soit avec un groupe familier (How To Dress Well) ou pas (Asobi Seksu). Une fois de plus, le remix bat à platte couture l'original. Mais Holy Other se fait avoir à son propre jeux, lorsque Blood Diamonds remixe son "Touch" le rendant tout d'un coup plus clair, faisant voir toute la lumière qui se cachait sous des draps noirs de boucles profondes.






Pour finir, Clams Casino, très bon tout seul, encore meilleur quand il bosse avec des rappeurs, se permet de prendre au sérieux la chill wave de Washed Out, et parvient presque à nous faire croire qu'à partir d'elle on peut batir des cathédrales.