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26 août 2011

TANKINO : Quand le blockbuster hollywoodien brille - Rise of the Planet of the Apes

Illustration: found
Comme à chaque décennie, le roman de Pierre Boulle est adapté au grand écran. Comme à chaque fois, on peut s’attendre au pire. De la remake télévisée japonaise de 1987 aux films de Lee Thompson dans les années 70, les singes ont l’air de toujours attirer l’homme au cinéma. Comme pour rattraper l’horrible long-métrage de Tim Burton en 2001, la 20th Century Fox a claqué plus de 90 millions de dollars pour retenter l’expérience.

Et c’est un jeune réalisateur quasi inconnu qui s’y colle, Rupert Wyatt, 38 ans, aidé tout de même par un casting mainstream à souhaits : James Franco (les trois Spiderman de Sam Raimi), Freida Pinto (la révélation bollywood de Slumdog Millionaire), John Lithgow (les séries Dexter et How I Met Your Mother), Brian Cox (Zodiac), Tom Felton (Draco dans les Harry Potter) et le meilleur d’entre tous : Golum (Andy Serkis) dans la peau du singe Ceasar. Donc oui, le cast donnera envie à plus d’un de voir ce blockbuster où l’on peut y croiser Tom Felton en non-Draco et les beaux yeux de Freida. Une fois le public de masse attiré en salles, il faut le garder ligoter à son fauteuil : une scène d’action qui arrive très vite et passe comme un courant d'air, une mise en situation simple et directe en montage alterné avec une séquence d’action qui ne suit qu’un seul singe, tomber amoureux d’un bébé monkey, le voir grandir… la sauce a pris, le public ne peut plus partir.

Rise Of The Planet Of The Ape va jouer là-dessus jusqu’à la dernière minute (et l’après-générique) du film : tout est contrôlé, mise en place de façon carrée et rythmée, minutes après minutes, jusqu’à l’apothéose qu’est cette scène finale sur le pont de San Francisco. Ca faisait longtemps qu’on avait pas vu une séquence de fin aussi réussie (et même mille fois réussie) dans un SF ricain (même Super 8 en est loin) car elle tombe à pic. Le tempo est graduel, tout monte en puissance gentiment afin de savourer le plus confortablement du monde le dernier quart d’heure du long-métrage – comme un dessert. En bonus, un gorille qui attaque un hélicoptère au vol : bluffant. Même les scènes lourdingues et mielleuses évitent la dégringolade, les accueillant avec une légèreté bienvenue qui vient calmer une des scènes d’action la plus réussie de cette année 2011 au cinéma. Pas besoin d’aller le voir en 3D, les couleurs sont plus belles et plus claires sans et l’effet de relief réside dans d’excellents plans composés où les singes numériques sont à chaque fois extrêmement bien conçus et dirigés par les mains de ces génies de l’informatique (je veux parler de ces geeks qui passent 18 heures par jour sur leur ordinateur pour créer les scènes de ce film). Au départ les singes numériques paraissent un peu trop lisses et on craint que les spécialistes sfx se réduisent à jouer avec les expressions faciales du singe tout au long du métrage. Même si les gros-plans sur leur gueule sont parfois un peu de trop, les séquences de regroupement de singes réussissent à surmonter le cliché facile d’attendrissement aux yeux doux des chimpanzés. Le film contient même de longues séquences muettes (évidemment, des singes) et celles-ci sont tournées de façon magistrale. Des clins d’oeils évidents à 2001 : A Space Odyssey ou à King Kong surgissent subtilement, sans être pédant et grandiloquent.


Ne commettons pas les erreurs que le film a su esquiver, restons brefs et allons droit au but comme l’est A Rise Of The Planet Of The Apes : sans fioritures ni romance, écartant toutes les inutilités qu’on avait l’habitude de croiser dans les films hollywoodiens de ces vingt dernières années, le prequel de La Planète des Singes est plus que réussi et laisse entrevoir un avenir radieux à ses futurs bébés. Le must-see à grand spectacle de cet été, sans nul doute !