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15 mai 2011

MUSIK TANK: DANGER MOUSE & DANIELE LUPPI - ROME

Photo: Sainath
Si tous les chemins mènent à Rome, celui de bon nombres d'artistes (Gorillaz, MF Doom, Gnarls Barkley, les Black Keys, The Shins, Beck) les auront amenés à croiser celui de Brian Burton AKA Danger Mouse, qui n'est plus a présenter. Après les très bons projets DARK NIGHT OF THE SOUL et BROKEN BELLS sortis l'an passé, qui avait unanimement mis la critique d'accord quant à leur qualité, il revient accompagné du compositeur italien Daniele Luppi, de Jack White et de Norah Jones sur un projet hommage à Ennio Morricone, inspiré des bande-originales de western spaghetti. Il s'associe également avec Google pour une expérience interactive exceptionnelle.

ROME est un projet en gestation depuis cinq ans. Passionné par les bandes originales classiques du cinéma italien, Danger Mouse s'associe avec le compositeur Daniele Luppini afin de rendre hommage au tout grand Ennio Morricone. Les deux bigres commencent le projet en 2005 qui se voit retardé parmi des centaines d'autres. Réunissant quelques musiciens et chorales ayant travaillé sur les BO originales mythiques (Il Etait une fois dans l'Ouest, Le Bon, La Brute et le Truand), ils s'offrent également un casting de luxe avec Norah Jones et Jack White des White Stripes en guest stars pour la bande original d'un film imaginaire qu'ils enregistrent dans les mythiques Forum Studios de la capitale italienne, le tout en analogique, comme à l'époque. Vu la somme de talents en présence, il était un peu difficile de se louper et ROME s’avère une fantastique réussite, une collection de chansons et de thèmes que n'aurait pas renié le maître et que Quentin Tarantino doit certainement écouter en boucle.


On trouvera donc une sixaine de morceaux chantés, le reste étant sous la forme de douces interludes ou de morceaux instrumentaux. Dans ce scénario, tout semble se porter sur un film mélancolique tant les morceaux de bravoure semblent inexistants, et tout porterait à croire qu'il s'agit d'un western dramatique comme le suggère sa pochette avec son cœur ensanglanté. Difficile de ne pas s'emporter devant ces arrangements de cordes somptueux, ces percussions classieuses, ces douces notes de xylophones qui apportent tout leur charme aux compositions. Nos personnages sont à la fois acteurs et chanteurs tant cet album semble un film auquel il nous appartient d'imaginer les scènes, interprété par un Jack White n'hésitant pas à sortir ses tripes sur "The Rose With A Broken Neck", accompagné par une chorale de voix fantomatiques, et chantant d'une voix tremblotante sur "Two Against One". Norah Jones, elle qui nous avait habitué à ses petites ballades parfois mièvres, impressionne par sa voix sensuelle et charismatique sur "Black" et "Season’s Tree" aux frontières de la soul et du trip-hop, avec ses cordes romantiques et ses lointaines notes de clochettes, ainsi que sur "Problem Queen", morceau nettement plus pop, apportant une touche d’énergie à la mélancolie ambiante grâce à ses guitares rythmiques et ses claviers. Cette visite de Rome se fait donc les yeux fermés. Un bijou en technicolor pour le cœur et les oreilles qui nous mène à imaginer un film que Sergio Leone lui-même se serait certainement fait une joie de réaliser.


Mais ROME n'est pas qu'un album, c'est également une expérience interactive exceptionnelle en guise de clip à voir sur: ro.me. En effet, il s'agît là d'un film accessible par le biais du navigateur Chrome de Google. Intitulée "3 Dreams of Black" et réalisée par Chris Milk (Arcade Fire, Gnarls Barkley, The Chemical Brothers) et les ingénieurs de Google, il s'agit-là d'une expérience composée d’animations mêlant dessins, animations 2D et séquences 3D interactives qui permettent au spectateur de laisser cours à son imagination avant de pouvoir voyager librement dans une univers ouvert, et c'est tout simplement bluffant. A l’instar d'une autre célèbre vidéo interactive, "The Wilderness Downtown" d'Arcade Fire sortie en septembre dernier, ce clip utilise la technologie WebGL et n’est visible qu’en installant le navigateur Chrome. Bref une belle promotion pour Google, pour les possibilités offertes par l’HTML5 mais aussi pour ce très bon album qu'est ROME et son concept de bande original fictive, qui vient apporter son lot de fraîcheur et d'originalité dans une industrie qui se repose souvent sur ses lauriers. A mon avis, on peut d'ores et déjà parler d'un des albums de l'année. En plus, ils sont super sympas, l'album est intégralement disponible sur Youtube :





Le making of de l'album :





Le making of de l’expérience interactive :