Photo: Julien Gremaud |
Deuxième chapitre de notre tournée milanaise du mois d'avril. Outre le mobilier et les expos, nous étions accrédités au festival Elita (quel drôle de nom tout de même). Au menu de nos deux soirs de présence: Battles (à moité convaincant), Dan Deacon (incroyable), Gold Panda (peu relevé), Discodeine (vain) ou encore Is Tropical.
Wild in the City prédisait l'affiche. Outre ces noms, présents au Teatro Franco Parenti, étaient annoncés au line–up: le commissaire de la techno Carl Craig, l'institution du hip–hop Grandmaster Flash, le néo–berlinois Seth Troxler du label Souvenir, le David Guetta de la minimale Paul Kalkbrenner, les français de doP, les anglais de Fujiya And Miyagi, le projet DJ Kicks de Wolf+Lamb avec Soul Clap ou encore les italiens de Ex–Otago dont les locaux ne cessent de nous dire le plus grand bien. Évidemment, de tout cela, on ne pourra rien vous raconter, étant donné qu'on avait déjà assez à faire – et à se ruiner en bières – du côté du théâtre de la via Pier Lombardo. Peut–être aurions–nous dû tenter l'aventure des têtes d'affiches plutôt que de jouer la carte valeurs sûres électro–rock. Vendredi 22h, assez loin du QG du festival, le Franco Parenti. Les apéros se sont prolongés, on s'est bien marré, notamment du côté de l'Office du tourisme norvégien; taxi vite fait, n'empêchant pas l'irréparable. Is Tropical en finit avec son concert, devant une petite assistance. Ces mecs viennent de Bournemouth, côte sud britannique, sont produits par un Klaxons, sont signés chez Kitsuné et remixent Two Doors Cinema Club. Toutefois, quand on écoute le joyeux foutoire "Tan Man", on se prend à rêver d'un groupe fréquentable. Difficile cela dit de juger en un morceau et demi. Mais un constat s'impose rapidement: il va falloir cravacher dur pour apprécier les groupes à leur juste valeur sur ces planches de théâtre. Son désastreux (frontaux, peu enclin à l'amplitude des spectres exigés par la musique électronique, basses inexistantes), scène naine, grosses réverbes, et par dessus le marché des DJ crétins passant de la house au meilleur de sa forme dans le hall d'entrée, autorisant ainsi le pire soit le mélange des genres.
Battles est attendu comme le gros truc de la soirée par des Milanais bon public, enthousiastes et prêt à en découdre avec le trio new–yorkais. Salle comble, grosse pression. Ici et là, on apprend que "Brani dei Battles sono stati usati per il game LittleBigPlanet e nella colonna sonora di Eclipse, l’ultimo capitolo della saga di Twilight". Ah c'est donc cela. "Atlas", tiré de l'album MIRRORED (2007) n'est donc pas le seul argument commercial du groupe. Décidément, l'effet Twilight… Premier constat: Beaucoup de morceaux du nouvel album à paraître, GLOSS DROP, (le 6 juin prochain sur Warp, avant sur Internet), avec pas mal de voix. C'est à dire que Battles ne jouera aucun morceau issu du précédent LP. Ça, on ne le savait pas, il faut le souligner car c'est relativement rare de nos jours. Le Math–Rock du groupe ne passe pas inaperçu, même s'il y a un problème de taille: on n'entend rien, mais alors rien du tout, et pourtant nous sommes bien placés. Le théâtre est totalement inadapté, ici Battles ressemble à Razorlight ou aux Kooks. La puissance sourde du trio est annihilée, comme mise en sourdine par une mauvaise sonorisation ou, pire, un plantage total de l'ingé son, mais comme cela paraît hautement improbable, restons sur cette première et triste impression de foutage de gueule de la part des organisateurs niveau équipement. On aurait préféré deux ou trois têtes d'affiches de moins et un meilleur investissement dans un matériel probablement loué à d'illustres incapables. Dans ce foutoir, seul Dan Deacon s'en sortira, mais gardons le meilleur pour la fin. Battles donc. C'est navrant, mais rien y fait, pas moyen de se concentrer. En plus les Milanais sont relativement sages, le concert aurait vraiment pu se dérouler dans d'excellentes conditions. Enfin, passons… Première partie de concert moyenne: "Africastle", "Sweetie & Shag", "Dominican Fade" ou encore "Wall Street", impression mitigée forcément biaisée par le son. Cela dit, seconde partie nettement supérieure, avec plus d'envergure jusqu'à ce final complétement fou ("Sundome" (Featuring Yamantaka Eye, à paraître avec le nouvel album), partant en échos pour imploser en une kermesse électronique. Mon meilleur rappel de l'année, pour l'instant. On retient aussi ce morceau avec Matias Aguayo – il est partout le salaud – "Ice Cream", titre qui devrait rencontrer un franc succès. Le nouveau Battles est donc plus centré sur les voix – à regretter toutefois ce curieux et très laid dispositif composé de deux projecteurs avec des énormes talking heads représentant les artistes invités sur le GLOSS DROP. A posteriori, avec un peu de recul, on aura tout de même assisté à un très bon concert.
Le lendemain, on aborde un gros programme avec une affiche audacieuse que n'aurait pas renié certains festivals typés indé. Avec une surprise: quand on voit Gold Panda ouvrir la soirée, on croit voir le monde à l'envers, à s'imaginer que l'artiste électro représentait plus une tête d'affiche qu'une simple première partie. On aura tout faux, car Dan Deacon fut invraisemblable et parfaitement à sa place en fin de soirée. Mais gardons le meilleur pour la fin (re). Le fameux "You" pour ouvrir le bal puis "Snow & Taxis", "Marriage", génial, ou encore "Vanilla Minus" voyant ce londonien anciennement résident japonais (une influence majeure dans son album LUCKY SHINER sorti chez Ghostly International) s'adonner à une drôle de danse céphalique, proche de celle jadis célèbre de Flat Eric, mascotte et fond de commerce de Mr. Oizo. La nuit n'ayant aidé ni nos facultés auditives ni celles du soundsystem milanais, on se retrouve encore une fois navré devant la médiocre amplitude du son. Ici, Gold Panda semble livrer un singulier showcase et non un vrai concert. Dommage, encore une fois. A la suite, mais vraiment à la suite, le duo parisien Discodeine entre sur scène avec d'autres dispositions. Et des enceintes supplémentaires, appliquant avec merveille le bon plan de leurs compatriotes de Justice. Des enceintes frontales, oui! Ouverture avec "Singular", titre en collaboration avec… Matias Aguayo. On attend beaucoup du duo, l'album éponyme nous ayant ravi. Une version club du titre, quelques tracks moins accessibles comme "Antiphonie" ou "Relaps", ayant du mal à passer la rampe version théâtre. A écouter en espace approprié pour véritablement juger. Arrive, après une très longue intro, "Synchronize" morceau chanté sur l'album par… non pas Aguayo, Jarvis Cocker, ici servi en dessert bariolé, power house, faisant se lever les milanais comme après un but contre la Juventus. Si si, première escarmouche et premiers pas de danse pour le public. Pas vraiment le temps de souffler que, une fois le concert dignement bouclé, de la italian electro sort des enceintes visiblement plus musclées du hall d'entrée, où de rigolos clubbers s'agittent, entre canapés, bars Nastro Azzuro–cocktails et guichet d'accréditations. Il faut le voir pour le croire, c'est vraiment le bordel et on n'ose imaginer pareille disposition en Suisse ou en Allemagne, ce serait un scandale assuré – relevons pour terminer que la musique transperçait les maigres portes séparant ce hall disco de la salle, ce même pendant les concerts, payant faut–il le rappeler. Pas le temps de choper une bière que Dan Deacon lance son bal des réjouissances.
Dan Deacon a sorti un très bon album en 2009 intitulé BROMST, (chez Carpark) où, outre le tube électro–hippie Build Voice ayant fait fureur, on y retrouvait dans le booklet une photographie d'illuminés effectuant une arche que n'importe quelle mariée envierait. En vis–à–vis y figurait une image du Deacon entouré des siens, dans une version bigarrée. Pas mal de références religieuses et cela, Think Tank l'avait déjà vérifié une semaine auparavant au festival Super Mon Amour à Paris, je cite: "concours de danse, tout-le-monde-se-met-à-genoux-et-montre-du-doigt-ceux-restés-debout, on se met en cercle et tout le monde doit imiter un danseur, etc". Là où le public Parisien s'était montré moyennement enthousiaste à l'idée de se taper sur les cuisses et de froisser ses habits, les Milanais n'ont pas hésité une seule seconde (même nos amis suisses s'y sont mis, c'est dire). A vérifier sur la photo ci–dessus. Epique et drôle, sur fond de "Red F", sorte de happy hardcore, intelligent, foutraque, jovial. Comme à Paris malgré tout, il y a des problèmes de sons (non?), en partie résolus par la colonne d'enceintes trônant fièrement sur scène, soit au–dessus du performer de Baltimore. Son future shock (nom donné à sa musique, sorte de Animal Collective sous acide ou de Buvette sous amphétamines), nous fait toutefois oublier les déceptions vécues tout au long du week–end. C'est le Bronx à Milan, finalement on se fichera éperdument de cette apparente saturation durant 90 minutes de concerts – au gré de deux courts repos obligatoires dans pareille situation – et on se réjouira d'avoir pu entendu certaines nouvelles compositions à paraître espérons–le sur un éventuel futur album. Ensuite? Distraction dans une piscine vidée et désaffectée, avec pour BO du rap italien antifa ou grindcore, c'est selon, mais c'était très drôle. Wild in the City: on y était presque, enfin pas du tout. Mais on y a cru, c'est l'essentiel.
Le lendemain, on aborde un gros programme avec une affiche audacieuse que n'aurait pas renié certains festivals typés indé. Avec une surprise: quand on voit Gold Panda ouvrir la soirée, on croit voir le monde à l'envers, à s'imaginer que l'artiste électro représentait plus une tête d'affiche qu'une simple première partie. On aura tout faux, car Dan Deacon fut invraisemblable et parfaitement à sa place en fin de soirée. Mais gardons le meilleur pour la fin (re). Le fameux "You" pour ouvrir le bal puis "Snow & Taxis", "Marriage", génial, ou encore "Vanilla Minus" voyant ce londonien anciennement résident japonais (une influence majeure dans son album LUCKY SHINER sorti chez Ghostly International) s'adonner à une drôle de danse céphalique, proche de celle jadis célèbre de Flat Eric, mascotte et fond de commerce de Mr. Oizo. La nuit n'ayant aidé ni nos facultés auditives ni celles du soundsystem milanais, on se retrouve encore une fois navré devant la médiocre amplitude du son. Ici, Gold Panda semble livrer un singulier showcase et non un vrai concert. Dommage, encore une fois. A la suite, mais vraiment à la suite, le duo parisien Discodeine entre sur scène avec d'autres dispositions. Et des enceintes supplémentaires, appliquant avec merveille le bon plan de leurs compatriotes de Justice. Des enceintes frontales, oui! Ouverture avec "Singular", titre en collaboration avec… Matias Aguayo. On attend beaucoup du duo, l'album éponyme nous ayant ravi. Une version club du titre, quelques tracks moins accessibles comme "Antiphonie" ou "Relaps", ayant du mal à passer la rampe version théâtre. A écouter en espace approprié pour véritablement juger. Arrive, après une très longue intro, "Synchronize" morceau chanté sur l'album par… non pas Aguayo, Jarvis Cocker, ici servi en dessert bariolé, power house, faisant se lever les milanais comme après un but contre la Juventus. Si si, première escarmouche et premiers pas de danse pour le public. Pas vraiment le temps de souffler que, une fois le concert dignement bouclé, de la italian electro sort des enceintes visiblement plus musclées du hall d'entrée, où de rigolos clubbers s'agittent, entre canapés, bars Nastro Azzuro–cocktails et guichet d'accréditations. Il faut le voir pour le croire, c'est vraiment le bordel et on n'ose imaginer pareille disposition en Suisse ou en Allemagne, ce serait un scandale assuré – relevons pour terminer que la musique transperçait les maigres portes séparant ce hall disco de la salle, ce même pendant les concerts, payant faut–il le rappeler. Pas le temps de choper une bière que Dan Deacon lance son bal des réjouissances.
Dan Deacon a sorti un très bon album en 2009 intitulé BROMST, (chez Carpark) où, outre le tube électro–hippie Build Voice ayant fait fureur, on y retrouvait dans le booklet une photographie d'illuminés effectuant une arche que n'importe quelle mariée envierait. En vis–à–vis y figurait une image du Deacon entouré des siens, dans une version bigarrée. Pas mal de références religieuses et cela, Think Tank l'avait déjà vérifié une semaine auparavant au festival Super Mon Amour à Paris, je cite: "concours de danse, tout-le-monde-se-met-à-genoux-et-montre-du-doigt-ceux-restés-debout, on se met en cercle et tout le monde doit imiter un danseur, etc". Là où le public Parisien s'était montré moyennement enthousiaste à l'idée de se taper sur les cuisses et de froisser ses habits, les Milanais n'ont pas hésité une seule seconde (même nos amis suisses s'y sont mis, c'est dire). A vérifier sur la photo ci–dessus. Epique et drôle, sur fond de "Red F", sorte de happy hardcore, intelligent, foutraque, jovial. Comme à Paris malgré tout, il y a des problèmes de sons (non?), en partie résolus par la colonne d'enceintes trônant fièrement sur scène, soit au–dessus du performer de Baltimore. Son future shock (nom donné à sa musique, sorte de Animal Collective sous acide ou de Buvette sous amphétamines), nous fait toutefois oublier les déceptions vécues tout au long du week–end. C'est le Bronx à Milan, finalement on se fichera éperdument de cette apparente saturation durant 90 minutes de concerts – au gré de deux courts repos obligatoires dans pareille situation – et on se réjouira d'avoir pu entendu certaines nouvelles compositions à paraître espérons–le sur un éventuel futur album. Ensuite? Distraction dans une piscine vidée et désaffectée, avec pour BO du rap italien antifa ou grindcore, c'est selon, mais c'était très drôle. Wild in the City: on y était presque, enfin pas du tout. Mais on y a cru, c'est l'essentiel.