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Photo: (Music for) Eggplant, Vyner Street Gallery 2014 @ Emile Barret
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Un studio d’enregistrement, de la TV réalité, un squat, ou encore un crash-test répété selon de multiples variations, le tout en écho ou en décalage avec l’Usine : c'est que ce promet la semaine de résidence de (Music for) Eggplant, formation de musique industrielle 2.0, actuellement à Forde. Peu avant le vernissage de cette «exposition de musique» –composé d'un concert marathon de plusieurs heures le vendredi 4 novembre et d'une rétrospective live, tout au long du weekend, des 27 (!) disques enregistrés jusque là par ce collectif de performances sonores–nous en avons profité pour rencontrer Nicolas Brulhart et Sylvain Menétrey, nouveau duo en charge de cet incontournable espace d'art contemporain genevois fondé en 1994, et aborder les grandes lignes de leur programmation 2016-2018.
Julien Gremaud : On vous connait pour votre activité respective à Wallriss (Nicolas) et à Fri-Art (Sylvain), deux espaces qui ont permis de placer Fribourg sur la carte de l'art en Suisse. Depuis la fin de l'été 2016, vous avez débuté votre activité à Forde (qui se terminera en 2018) et avez déjà proposé l’exposition collective «The Eternal Return of the Real». Pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’orientation curatoriale que vous allez donner à Forde ces 2 prochaines années?
Nicolas Brulhart et Sylvain Menétrey : Nous sommes des personnes curieuses et, ma foi, un peu boulimiques, qui oscillent entre un désespoir du scrolling et une gaité du nouvel air, du changement, sur la facticité du temps court et sur la pesanteur d'un temps plus long. Plus qu'une ligne, la programmation ne serait dirigiste qu'en ce sens qu'elle est éclatée et hétérogène. S'il faut imposer des choix, un style, il s'agit aussi pour nous de sentir le moment, de trouver, de nourrir la scène locale, d'être ouvert et de réagir.
Forde a une histoire particulière: elle a débuté dans les années 1990, Genève voyait alors une scène artistique contemporaine naître, notamment dans le quartier des Bains. Forde fut accueilli par l'Usine, espace autogéré fort de plusieurs associations et abritant de nombreuses disciplines créé en 1989. Quelle est l'influence du lieu sur votre approche artistique?
Forde a une histoire particulière: elle a débuté dans les années 1990, Genève voyait alors une scène artistique contemporaine naître, notamment dans le quartier des Bains. Forde fut accueilli par l'Usine, espace autogéré fort de plusieurs associations et abritant de nombreuses disciplines créé en 1989. Quelle est l'influence du lieu sur votre approche artistique?
La problématique ressentie pour l'instant est celle de l'image d'un espace qui peut avoir des échos internationaux, dans le petit monde de l'art, mais qui est toujours aussi de ce fait en conflit avec la scène locale, et dans notre cas, à un niveau encore plus affirmé, dans le contexte de l'Usine et de nos engagements en son sein. Mais nous ne sommes pas seuls dans ce cas. Chaque entité a sa propre schizophrénie qui se joue dans cette tension entre le proche et le distant que la culture digitale ramasse. La notre personnelle peut se définir ainsi actuellement. Avec l'hétérogénéité, il s'agit de rendre apparentes et donc intelligibles les contradictions existantes. Elles peuvent se résoudre, mais provisoirement, au cours d'une soirée. Mais l'utopie sociale doit admettre le potentiel d'une certaine négativité que l'art a de fait le droit d'incarner ; de par un héritage lié à son autonomie notamment qui est un instrument de pensée et d'intégration, plus qu'un argument pour la création de vases clos.
Le contexte de Forde, un espace d’art dans un haut lieu des cultures alternatives, nous invite à nous poser la question du lien entre l’art et les cultures alternatives aujourd’hui, entre l'art et l'engagement social par exemple. Le fait que l’art s’est détaché des autres disciplines, des autres modes de vie pour terminer dans un feedback complaisant ne correspond pas à une réalité factuelle, mais plus à une émotion vécue. Ainsi, le potentiel de distanciation de l'art doit être questionné. Il est important pour nous de créer des points de friction avec les autres associations de l’Usine, à commencer par nos voisins du Spoutnik et du Théâtre de l’Usine qui sont nos voisins de palier.
Quelques exemples de propositions plus précis?
Quelques exemples de propositions plus précis?
S'il fallait définir une ligne directrice thématique, un projet transversal de notre mandat consiste à construire brique par brique une publication théorique au titre provisoire de Fantasy for an End. Celle-ci va naitre à partir d'une série d'article commandés à des théoriciens. Des critiques se verront offrir un espace pour s'exprimer sur l'état de l’art contemporain, sa possible dissolution, mais aussi son existence conceptuelle à l'âge anthropocène. L'odeur de charnier, la fin, n'est pas une nouveauté. La crise est la constante, et l'art contemporain n'est ici qu'une des incarnations par excellence du rythme de la mode. Ce projet théorique va se développer durant tous le mandat et va nourrir en retour la programmation.
Forde est situé dans un espace certes interdisciplinaire mais qui possède avant tout un fort encrage musical. Quelle est justement la place de la musique à Forde? Comment l’aborder via les arts visuels? En quoi «An Exhibition of (Music for) Eggplant» s’inscrit-il dans la programmation de Forde par exemple?
C'est ce que cherche à questionner un projet comme An Exhibition of (Music for) Eggplant en y répondant de manière autant performative que critique. Il suffit de s'attarder un peu sur le titre. Son aspect factuel veut rendre apparent des contradictions en les faisant apparaître dans le langage, en disant ce qui est, en restant proche de la description, dans une tradition matérialiste et allégorique, si on veut (une contradiction vécue).
«Une exposition de musique» pose une problématique: le plus naturel, le multimédia et la circulation fluide entre les disciplines, les espaces est simultanément un paradoxe, une impossibilité : on n'expose pas la musique. L'oeil et l'oreille, l'image et le son ouvre un espace de conflit qui est celui dans lequel on s'installe pour penser : conflit de la récupération par l'industrie culturelle de l'imaginaire musical notamment. Cette exposition, une résidence offerte à des musiciens, problématise la notion d'entrisme et son caractère historiquement dépassé : une mise à jour de l’art band. Sa rétrospective permet de délirer et de pasticher ces questions d'ambition.
Passer d'un style musical à l'autre paraît parfois illusoire, voire suicidaire. (Music for) Eggplant tentent de s'affranchir des processus de catégorisation et voit plus loin. Peut-on y percevoir une forme de critique multiple?
Passer d'un style musical à l'autre paraît parfois illusoire, voire suicidaire. (Music for) Eggplant tentent de s'affranchir des processus de catégorisation et voit plus loin. Peut-on y percevoir une forme de critique multiple?
Un des mots clef de l'exposition était d'amener la musique industrielle à un update 2.0. Mais c'est là un fantasme curatorial de production à la McLaren, si j'ose la référence ; il y a aussi une question de génération et de distance entre ce qui est directement vécu, ou intellectualiser, entre l'artiste et les curateur. Nous avons eu tendance à y percevoir un potentiel critique dans ce qu' Eggplant opère et fabrique spontanément. Mais nous nous trompons aussi. (Music for) Eggplant ne se considèrent pas seulement dans un rapport de filiation à la musique industrielle, mais dans un univers beaucoup plus chahuté et protéiforme. On interprète des gestes pour eux automatiques, des manières de se déplacer, de s'exprimer avec un téléphone portable par exemple, de synchroniser ou pas des plateforme, d'inclure ou d'exclure. Le conflit est ainsi reporté au niveau de la production, de la collaboration : Une Exposition de / (Musique for) Eggplant ; ou comment ce montage pose la question d'une possible entente, ou d'un dissensus plus a priori, insurmontable, qui ouvre alors la question du travailler ensemble.
(Music for) Eggplant est composé de Jaz & Chai Ayling, Paul & Emile Barret, Tatiana Baumgartner, Regina Demina, Raphaël Faure, Baptiste Gratzmuller, Samy Jouini, Simon Lyxen, Rafael Narciso, Robert Ricca, Tristan Savoy
(Music for) Eggplant publiera une vidéo par jour cette semaine.
Voici le teaser de cette Reality TV. La chaîne Vimeo se trouve ici.
Programme:
Vendredi 4 novembre 2016
Vernissage: 18h
Concert: 20h
Samedi 5 et dimanche 6 novembre 2016
Reggtrospective: 16h – 20h
Forde
11 rue de la Coulouvrenière
1204 Genève
forde.ch
https://
https://www.youtube.com/
(Music for) Eggplant est composé de Jaz & Chai Ayling, Paul & Emile Barret, Tatiana Baumgartner, Regina Demina, Raphaël Faure, Baptiste Gratzmuller, Samy Jouini, Simon Lyxen, Rafael Narciso, Robert Ricca, Tristan Savoy
(Music for) Eggplant publiera une vidéo par jour cette semaine.
Voici le teaser de cette Reality TV. La chaîne Vimeo se trouve ici.
Programme:
Vendredi 4 novembre 2016
Vernissage: 18h
Concert: 20h
Samedi 5 et dimanche 6 novembre 2016
Reggtrospective: 16h – 20h
Forde
11 rue de la Coulouvrenière
1204 Genève
forde.ch
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