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11 janvier 2014

Introduction: Afghan Rock Nights

Illustration: Frédéric Held pour les Afghan Rock Nights 

Think Tank se joint à l'association suisse FOCUS pour présenter les dates romandes de la série de concerts Afghan Rock Nights de ce début d'année. Dans le cadre de son programme culturel « Sofa Kabul » entre la Suisse et l’Afghanistan, FOCUS aborde cette fois-ci une autre facette de son approche trandisciplinaire. Introduction au combat rock afghan, comme une suite logique à notre thématique A Mort la World Music. Palpitant.

L'association basée à Vevey est née avec un projet un peu fou, celui de réunir des artistes locaux, et de les faire grimper dans un avion direction l'Est, l'Asie Centrale: le Kirghizistan. Une rencontre entre quatre artistes suisses, Adrienne Scherrer, Yann Gross, Simon Deppierraz et Régis Tosetti - et cinq artistes kirghizes - Bermet Borubaeva, Nikolai Cherkasov, Chingiz Aidarov, Anatoliy Kolesnikov et Dimitry Petrovskiy, une exposition à Bishkek (au Bishkek Art Center), capitale de cette république, puis une publication d'excellente facture pour finaliser une aventure alliant la qualité artistique à l'échange culturel, ce qui est plutôt rare. « Le projet interculturel TET A TET créé un hub qui a mis en évidence des similitudes et des intérêts communs, plutôt que de se concentrer sur les différences et les divergences. Il a contribué à favoriser le dialogue entre les artistes kirghizes et suisses, la construction de ponts entre les cultures. Focus est le lieu où convergent différents objets » explique la présidente de l'association, Shakyla Hussain.

Un tel échange culturel semble de plus en plus improbable à l'heure des facilités informatiques et de son impact sur les comportements sociaux. Angelo Plessas l'avait à cet effet brillamment démontré lors de sa conférence au symposium Post Digital Cultures, présentant son projet un peu utopique "The Eternal Internet Brotherhood". Le regretté Anatoly Kolesnikov, artistique ayant participé à cet échange inaugural TET A TET # 1 le relevait en 2009: « aucun des moyens de communication modernes ne peut remplacer une interaction humaine de face à face, personnelle ». La "Pop-up generation", « dominée par les écrans plats, toujours en mouvement, s'affranchissant des notions des deux et trois dimensions » peut elle user de son indifférence aux frontières (digitales) pour justement les traverser physiquement? C'est, d'une certaine manière, le pari de l'association qui fit le chemin inverse deux ans plus tard, en 2011: "TET A TET #2, le Kirghiz en nous" titrions-nous dans ces colonnes, comme happés parce qu'il s'était passé dans le bâtiment de l’Ex-EPA de Vevey. Il s’en dégageait une impression rêche, violente parfois, et un souci particulier accordé à la confrontation des matières premières et des formes : le bois y rencontrait la roche, la courbe et l’angle s’y cognaiennt. Sur les murs nus et écaillés de l’ancien centre commercial défilèrent de vastes paysages en noir et blanc, et plus qu’un écran, ceux-ci deviennant un passage, une brèche vers l’étendue libre des plaines. Une superbe exposition collective, tout aussi instructive qu'un cours de géopolitique universitaire, la montagne comme lien récurrent entre deux cultures, mais aussi comme prétexte, parce que les propositions dépassaient largement ce sujet et que les sempiternelles bonnes intentions semblaient ici absentes pour mieux offrir des propositions artistiques singulières.

Le récit de l'aventure et de la création de l'exposition fut splendidement documenté dans un nouvel ouvrage tiré en 2012 à 150 exemplaires, travail de Régis Tosetti qui répondait ainsi à sa manière à l'invitation kirghize. Assisté pour l'occasion de Simon Palmieri, il fit de cet ouvrage une pierre supplémentaire à l'édifice de cet échange artistique TET A TET. En 2013, FOCUS prenait Zürich comme étape pour présenter une suite au double échange helvético-kirghize, SOFA KABUL, en collaboration avec le Message Salon (Zürich), invitant l'artiste de rue afghane Shamsia Hassani pour une peinture murale en collaboration avec l'artiste suisse Lisa Looser. Le projet entendant ne pas répéter le schéma des deux dernières années, c'est ainsi que le second épisode de SOFA KABUL s'attaque à une série de concerts: en conviant l'artiste Ariana Delawari et le groupe White Page, l'association parcourt en janvier la Suisse en quatre dates sensass', avec un premier week-end en terres alémaniques, visitant les prestigieuses Reitschule (Berne) et Rote Fabrik (Zürich). Les incursions romandes passent le vendredi 17 janvier à la Case à Chocs de Neuchâtel puis, le lendemain, samedi 18, au Rocking-Chair de Vevey.

Nous reviendrons ces prochains jours plus précisément sur les artistes conviés aux Afghan Rock Nights via une édition spéciale de notre thématique A Mort la World Music (« mettre définitivement à mort le concept nationaliste et colonial de World Music »). Notre médium vidéo sera lui aussi réactivé pour l'occasion pour ainsi capter les dates romandes de cette proposition artistique afghane.

Afghan Rock Nights, avec White Page et Ariana Delawari
10.01.14 Reitschule, Bern
11.01.14 Rote Fabrik, Zürich
17.01.14 Case à chocs, Neuchâtel
18.01.14  Rocking-chair, Vevey

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