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15 avril 2011

TT TRIP: LA JAVA

Illustration: Pierre Girardin
Chronique d’un dimanche soir à Paris. Deux concerts géniaux, Mi Ami et Dona Donze. Des looks. Quarante personnes dans la jolie salle de la Java. Y avait même Pedro Winter !

Il fait beau et chaud à Belleville ce dimanche 10 avril, les terrasses te font de l’œil mais on ne regrette pas un instant de descendre dans la Java. Après avoir passé une cour intérieure des plus charmantes, tu descends les escaliers à vitraux pour finalement entrer dans la salle décorée de peinture de vues de Paris et de bancs ensoleillés. Y a pas grand monde mais ceux qui sont là, au maximum une quarantaine de personnes, sont super contents. Derrière la scène, les vidéos habituelles flashent, genre pixellisation d’un chien qui court, manga porno et autres chats qui ouvrent la bouche. La musique est irréprochable. Bref c’est assez le love. Quand Dona Donze entrent en piste, difficile de savoir quoi penser et à quoi à s’attendre. Les deux filles de Los Angeles se sont fait des looks : maquillages, collants dorés et paillettes partout. Loin du truc branché avec un beat facile qu’on pouvait craindre, on est vite séduit par le groupe. Tout semble hyper naïf. On a l’impression de voir deux copines, un peu folles il est vrai, qui dansent dans leur chambre. Les chorégraphies sont toutes imprécises et drôles, les filles se mettent de déguisements entre les chansons. Trop bien ! On se sent comme dans un film où soudain un duo absurde et sexy viendrait interpréter différentes chansons. Mais là, c’est en vrai et en plus ça paraît tout à fait sincère. Les chansons oscillent entre comptines, pop paillette à la Michael Jackson et ballades tropicales, sorte de bande-son rêvée du film érotique parfait. Bon quand les chanteuses viennent dans le public pour le final, tout le monde a assez peur. Le vinyle est lui aussi couleur paillette.


Après cette féérie absurde et une introduction bizarre (un mec torse nu qui crie « you are fucking animals »), arrivent enfin Mi Ami. Désormais un duo, suite au départ du batteur, il est clair que leur son allait vraiment être différent de ceux de leurs précédents concerts et que la setlist allait en gros se limiter aux titres de leur dernier et excellent EP, DOLPHINS. Ca commence fort avec un « Hard Up » monstrueux, les beats tabassent, les cris du chanteur passent par la reverve et les sons déstructurés dessinent des plages complexes et psychédéliques aux milieux des chansons incroyables. Quelque chose comme la musique idéale d’une fête underground. C’est dansant, déconstruit, fou, en un mot grandiose. Que dire sinon que toutes les chansons étaient aussi démentes les unes que les autres, « Dolphins », « Echo », « Sunrise » et une nouvelle au rythme groovy. Le public, aidé aussi un peu par la MDMA, entre en transe. Ça se déhanche de tous les côtés. Les quelques doutes qui restaient au moment de l’écoute de l’EP sont bel et bien envolés. La transformation électro de Mi Ami est parfaitement réussie et cela fait bien longtemps que je n’avais pas entendu un concert avec une telle intensité, une telle puissance et en même temps un tel degré de déstructuration sonore. Merci Mi Ami et merci la Java !