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21 décembre 2010

TT TRIP : MIDI Festival

Illustration: Laurence Wagner

Des palmiers, des plateaux de fruits de mer, 17 degré au milieu du mois de décembre, il n’en fallait pas plus pour décider un membre de TT à partir du côté de Toulon voir ce que donne le MIDI festival et sa programmation alléchante.

La vérité, c’est qu’on a raté le premier soir où jouaient notamment Young Marble Giants. Mais bon, on était bien décidé à tout donner le samedi soir. Direction le quartier Saint Roch, tout impatient de découvrir ce festival qui, par ses vidéo et ses programmations, nous a fait maintes fois saliver. Ce soir, ça se passe aux Variétés, une petite salle communale, d’une capacité de 250 personnes au grand maximum. C’est ma foi très joli et ça donne une ambiance assez fête de colo. C’est tellement rare et tellement bon ces festivals à la programmation pointue tout en restant accessible et qui se font en petit comité (en tout il y aura à peine plus de 150 personnes) et sans les scènes snobes qu’on rencontre notamment en capitale. Une petite disquaire asiatique s’occupe de vendre quelques vinyles comme seul merchandising, et le bar est facilement accessible, bref que du love.


Côté musique, Marnie Stern, tout droit débarquée des Etats-Unis, vient insuffler son rock à grand coup de finger-taping. Le set est parfois répétitif, mais les bonnes chansons ne manquent pas et son jeu de guitare particulier apporte vraiment une originalité au son du groupe. On retiendra les très bonnes Ruler, For Ash ou encore Transformer. Bon c’est clair on va pas courir acheter l’album mais cela restera un concert agréable, bien rock où virtuosité et énergie brute font bon ménage. Après, c’est au tour des français de Yussuf Jerusalem, qu’on avait découvert avec l’excellente With You in Mind. Le style du groupe est lui aussi définitivement rock, avec son chanteur à perfecto et son batteur à coupe de ramones. Mais rien à voir avec les baby rockeurs d’il y a quelques années. Ici le rock ne se joue pas pour la pose mais avec beaucoup d’inventivité. On pense bien sûr aux Black Lips pour l’explosivité et l’influence rockabilly très bien remâchée. Yussuf Jerusalem enchaîne chansons rapides faisant virevolter le public et titres plus lents encore meilleurs aux mélodies qui claquent. A la fin du concert, tout le monde est content.


On a gardé le meilleur pour la fin, même si en vrai ce groupe ouvrit la soirée avec un concert qui fut directement le point d’orgue de la soirée. On en est encore à découvrir la salle et à s’amuser dans cette ambiance entre le bal de prom, pour le côté pop 50’s les jeunes gens en fleur, et le squat, pour l’anti mainstream et spectacle consommable, que Summer Camp entre sur scène et vont mettre tout de suite tout le monde d’accord en jouant une musique correspondant exactement à l’esprit du lieux. Le groupe londonien est composé d’un drôle de garçon à lunette, maniant guitare et synthé, et d’une fille mignonne à la très belle voix. Derrière et sur le groupe, est projeté un diaporama de photos kitch des gens dans leur quotidien (mariages, soirée entre potes, bal de prom justement) datant des années 80’s-90’s, le tout avec une esthétique très Video Gag. Autant d’habitude, les projections ont tendance à agacer et à ne servir à rien à part détourner de la musique ou d’en remplir le vide, autant avec Summer Camp, les images s’intègrent parfaitement au concert. Parce qu’en définitive la musique du groupe est avant tout une musique d’atmosphère, dans le sens où plus qu’un seul son, elle convoque directement une avalanche d’émotions, de souvenirs. Leurs cantines pop nous plongent dans un décor où il est question de vacances à la mer, de premiers amours, de soirées adolescentes au clair de lune. Tout ça est peut-être très cliché, oui mais peu importe quand c’est exercé avec grâce. Sur Round the moon, on pleure en dansant et sur Ghost Train, notre cœur chavire. Un concert tout parfait où aucune chanson n’est à jeter, où la symbiose avec le public est totale. Rien n’y manque même pas la chanson de Noël. Un concert à l’intensité émotionnelle sublime. Merci le MIDI festival, on prend d’ores et déjà rendez-vous pour l’édition de l’été prochain, qui se déroule dans la magnifique Villa Nouailles et sur les plages de Hyères. Oh ouah !