MUSIQUE      CINEMA      ARTS VISUELS      LIVRES      POP LUCIDE      POST DIGITAL

26 novembre 2012

Kilbi im Überall

Hebergeur d'image
Illustration: affiche officielle (interprétation)
Kilbi im Überall: deux jours d'excursion zürichoise pour l'institution singinoise Bad Bonn, l'un des rares clubs suisses dont on parle effectivement à l'étranger, et son festival printanier la Kilbi. En 2011, c'était ”Kilbi im Exil”, sur deux clubs (Moods et Exil donc),  une première assez réussie pour ouvrir d'autres portes cette année (se joignent à l'aventure l'Helsinki et le Bogen F). On ne pouvait pas vraiment manquer ça à Think Tank.

« L'année dernière, c'était la Kilbi en Exil, composé autour d'un n'importe quoi inventé par une amitié zuricho-fribourgeoise; maintenant elle est (dans le) partout ». Le "n'importe quoi", c'était Thurston Moore, le "Gadget Inspector" Tyondai Braxton, le Glenn Braca Ensemble, Dillon, et beaucoup de compatriotes qui reviennent cette année pour la Kilbi "(dans le) partout": Kalabrese, Bit-Tuner et Feldermelder qui devraient finir par faire tomber le Röstigraben musical ou encore l'arme secrète de la maison, DJ Fett. Entourent cette armada des platines une affiche digne de la programmation de l'enseigne de Guin, et capable de remplir les lieux hôtes 2012. « Zurich n'a pas encore un vrai stade de football, mais des salles de concerts idéales où vous pouvez parler de football pendant les pauses de concert. L'Exil, le Helsinki, le Moods et le Bogen F en sont quatre ». On pourrait aussi imaginer que les traditionnels ”Hockey TV” sur grand écran s'y tiennent, histoire de préparer les deux soirées par une double victoire du club du pays face à Langnau et Davos. Plus sérieusement, concentrons-nous sur le reste des "grands noms", alliant la pop, le blues et le brut. "Unkommerzionell und geldgierig".


Jon Spencer tout d'abord, avec son Blues Explosion. Avant que tout le monde ne s'excite sur Strokes, Libertines et White Stripes, Spencer a constitué l'ultime rempart d'un rock attaqué de toutes parts: pour cela, ce dernier pourrait lui ériger une statue ou, du moins, lui être éternellement reconnaissant. Toutefois, les mots ne sont pas d'une grande utilité pour prouver la valeur du band: leur concert du vendredi soir au Exil (00:30) exécutera fièrement les préceptes électriques, ni ronronnant, ni conservateurs. Camilla Sparksss ensuite, entité insane de Barbara Lenhoff, prenant les directives de son groupe principal Peter Kernel pour se rapprocher d'Atari Teenage Riot. La furie est le samedi, 22h30 au Viadukt (BogenF). Les Californiens de Lucky Dragons pour garder les rythmes synthétiques et surtout conceptuels. En mars 2011, nous les avions rencontrés dans un aquarium, à Milan (l'Acquario civico di Milano). Où l'on devait tous se donner la main (« Nos performances en live sont conçues pour générer des situations où le pouvoir est partagé de manière égale entre les membres du public et nous même », affirme d'ailleurs Sarah Rara). C'est vendredi, 23h15 au Helsinki.


Conséquente, l'affiche überallienne sonne comme sa grande sœur printanière, où "l'esprit d'ouverture" n'exige même pas une érudition minimum comme billet d'entrée: on peut en effet se rattacher à des sonorités accessibles comme d'Efterklang, Father John Misty, Ravens & Chimes ou alors la pièce raffinée scandinave Jens Lekman. Le Suédois défendra son nouvel LP I KNOW WHAT LOVE ISN'T le vendredi 21h30 au Moods, un 10-titres de grandes mélodies d'intérieures, décoration parfaite à des films d'amour et des grandes résolutions. Proche forcément de Jay-Jay Johanson, Erlend Øye ou d'autres orfèvres pop, lyriques mais pas pompiers, descendants légitimes de l'idéal luxuriant de la Motown. Un sens mélodique que l'on retrouve fondu dans un dense nuage sonore chez Grouper: de Portrland, Liz Harris prend une guitare, un Wurlitzer et des pédales d'effets pour placer son drone sensuel du côté des grandes beautés contemporaines. Le Lo-Fi intime est à écouter en silence le vendredi au BogenF, 00h45. Terminons notre sélection éclectique par la présence historique de The Pyramids, pièce maîtresse d'un afrobeat influent et libre, au point qu'on l'amalgame souvent avec le Free Jazz. Leur récente reformation permettra au groupe de l'Ohio de relire un passé (trois albums dans les années 1970) oublié par l'Histoire de la musique. On va assurément décoller samedi (19h30) dans un Moods que l'on foulera personnellement pour la première fois – le club jazz fait partie des grandes adresses du genre sur le Continent.


Tout le reste de la programmation du festival Kilbi im Überall sur leur site web, avec d'autres phrases définitives de la trempe de celle-ci: « Et comme souvent, personne ne se conduit mal envers la bonne musique ».

Kilbi im Überall - 7./8. Décembre 2012 - Zürich