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05 juin 2011

TT trip : kilbi/samedi

Illustration: Giom

Je reprends mon souffle avant une dernière soirée. L’enchainement des concerts et des soirées commencent à se faire sentir mais tout le monde est toujours aussi content. Il fait beau, il fait chaud, il est temps de se rafraichir avec l’ami Buvette ou les grandes cuvées Battles et Walkmen. Pour ce soir, c’est pourtant surtout dans la petite salle du Bad Bonn que ça se passe.

En ce samedi, le soleil tape et au réveil, je suis tout desséché. Heureusement, la Kilbi est véritablement un endroit parfait et à cinq minutes du festival se trouve un lac. Pour l’anecdote, il faut savoir que si la salle s’appelle Bad Bonn, c’est qu’à l’époque il existait bel et bien des bains de Bonn avec son grand hôtel et son église. Mais la construction d’un barrage a noyé la petite vallée. Bref, on a mené la vie de hippies partant se baigner avec des chiens dans ce lac magnifique, surplombé par des demeures dans une ambiance très dix-neuvièmiste et cette conscience qu’au fond gisent encore clocher et rues. La Kilbi a même décidé d’investir ce lieu magique, où ne voguent que de jolis bateaux rétro, en installant sur la plage une offstage. Malheureusement, vu le manque de temps, je n’y ai vu qu’un soundcheck. Mais c’était déjà super.


Les héros du jour
Alors oui bien sûr, on va accuser Think Tank de faire du copinage. Mais voilà, surtout à cause de la relative déception des concerts de Battles et Walkmen, pour moi, il n’y a pas photo, les deux trucs que j’ai eu le plus de plaisir à écouter ce soir sont nos couz Buvette et Feldermelder/Fichtre. Déjà Big Up à Buvette pour avoir été le seul musicien programmé à avoir dormi au camping, enchainé deux soirées mouvementées et pourtant réussi à assurer un concert à 16h30 alors qu’il fait encore beaucoup trop chaud. Bon au fond, j’aurais presque préféré que ce concert ait lieu un peu plus tard, histoire d’avoir un public un peu plus remuant, mais je vais pas me plaindre et Buvette c’était parfait pour se mettre en selle pour cette dernière soirée qui promettait d’être longue. Les chansons de HOUSE AND THE VOICES sont toujours aussi brillantes, pleine de bulles électroniques et de montée épiques, avec toujours le même sens des mélodies. J’ai bien sûr mes petits chouchous avec "Tarrot Cards" à la fin toujours aussi démente, "Top Pub Songs" et surtout les trois nouveaux titres, qui confirment encore plus le bien que l’on pense de Buvette au sein de l’équipe Think Tank. "Inner Wars" nous déchaine, celle avec la flûte nous rend heureux et la toute dernière encore en travaux nous plait déjà. Un peu plus tard mais toujours dans la salle du Bad Bonn, Feldermelder infirme la rencontre ratée à la Rowboat Party du mois de janvier et confirme le changement d’avis suite à la Rats Session de la Guinguette. Un show percutant et inventif bercé par des basses tonitruantes et avec en plus les visuels de Fichtre, en parfaite harmonie pour un set sans fausse note ou fausse ligne, entre intuition momentanée et art parfaitement maitrisée.


La déception du jour
Sans connaitre très bien Suuns, les quelques clips m’avaient fait attendre un concert bizarre mais malheureusement ce ne fut rien que du très habituel. A part faire retentir un son de sirène de police, Suuns donnent un concert insipide et sans relief. Il est vrai que leurs côtés plus noirs et torturés auraient été peut-être plus présents sur une scène plus petite ou en intérieur.


La découverte du jour
Décidément, j’aurai fait le plein de dubstep. Une fois de plus, il faut se serrer dans la maison pour assister au set de Shackleton. Malheureusement, je n’aurai pu voir que les quelques premières chansons, devant partir pour ne pas rater les Walkmen. Mais cela a suffit pour laisser entrevoir un show superbe de dubstep assez lent sous perfusion de percussions africaines.


Le tour du monde
En cet après-midi, il fallait malheureusement choisir entre deux poulains du label Rowboat et je n’ai pu que vite passer de loin au concert de Monoski, juste le temps de se rappeler à quel point "Empty Jail" est une chanson qui déchire autant qu’un vieux Black Keys. L’envie de voir Feldermelder et la saturation de rock ont peut-être favorisé mon peu d’intérêt pour les hollandais de The Ex, que j’ai sûrement un peu vite jugé être du post-punk sans surprise malgré quelques intéressantes échappées du côté africain. La fin du festival s’approche et c’est ému que je me dirige vers un concert des Walkmen que j’attends impatiemment. Et le début est à la hauteur avec deux titres issus du magnifique et très classe YOU & ME. La voix du chanteur, le jeux du batteur et le look jeunes gens de bonne famille la bague au doigt renforcent cette beauté domestique, où l’amour nait dans un bal de prom et dure toute la vie. Mais à force de rester dans ce registre quand même un peu bourgeois, les Walkmen finissent par lasser et par moment je m’ennuie franchement, malgré quelques bonnes chansons, surtout celles issues de HUNDRED MILES ON et de YOU & ME, et pas tellement du dernier LISBON. Peut-être que si on est au concert avec son amoureuse ou amoureux et qu’on se fait des papouilles sur chaque refrain, on ne voit pas le temps passer. En attendant, je me dirige vers le tout dernier concert de cette édition avec Battles pour un final un peu décevant, du fait de l’absence du chanteur ayant quitté le groupe, ce qui fait que le public sera privé des titres qu’il attendait le plus comme "Atlas". Le trio tente en vain d’habiter la scène de personnages projetés lorsqu’un chant est passé en playback. J’attends le futur album pour mieux juger les nouvelles chansons qui dans ce concert me laissent une appréhension mitigée, avec quelques moments qui déchirent pour beaucoup d’autres carrément moisis, comme du mauvais Ratatat. J’attendais beaucoup plus de ce show. Dire au revoir est toujours difficile, et l’after s’annonçait donc mémorable. Elle le fut grâce au fidèle et goguenard Dj Fett, balançant des titres jubilatoires, donnant des disques au premier rang, souriant avec son air de poupon potelé et s’extasiant avec une salle qui le lui rend bien. Notre petite équipe sortit ses meilleures pas de danse sur la scène du Bad Bonn, avant de partir admirer la brume sur le lac et enfin de rentrer à la tente, en admirant le levé du jour sur une campagne pour un final digne de Hellhole Ratrace. A l’année prochaine Kilbi !


Le concert que j’ai pas vu mais on m’a dit que c’était super
Mon organisme subissant un gros coup de mou, je n’ai honteusement pu voir qu’une seule chanson du concert d’Anika. Mais cette dernière était suffisante pour croire sur parole ceux qui ont apprécié ce concert porté par la voix basse d’Anika et par tout ce qui se fait de mieux dans le royaume britannique en terme de musique post-indu, entre noise, dub et cold wave.


Le concert que j’ai pas vu mais on m’a dit que c’était naze
Le concert d’Apparat accompagné d’un groupe commence très mal et intervient à un moment où j’ai vraiment besoin d’une pause. Les échos de potes, y allant pourtant en en pensant que du bien, confortèrent ce bon timing. Les rapports sont clairs : une musique de stade pompeuse, au point de faire penser à du U2, avec un Apparat quelque part entre le drogué et le gros gay.


Le coin de mister cocktail
La soupe rouge : prenez un gin, mélangez le avec un jus de légumes (tomate et betterave) resté deux jours entiers dans une tente sous le soleil. Buvez chaud et essayer de ne pas le recracher. Mouarf