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11 décembre 2010

TT TRIP: FOALS

Illustration: Pierre Girardin

Voyage à Fribourg pour le concert maousse du quintette anglais Foals.
Le Fri-Son est en pleine forme, et pourtant tout aurait pu changer avec le départ cet été de Pablo Niederbeger, programmateur historique de la salle fribourgeoise (même le TJ en a parlé). 24 ans de dévotion aurait pu laisser un tableau en friche, une équipe aphone, voire sans relève. Des choses que l'on voit malheureusement trop souvent arriver. Alors, quand on voit défiler en quatre jours les noms de Deftones, Arno, Aaron et Foals, joie et volupté, on réjouit du beau week-end prolongé de la salle fribourgeoise. Comme Think Tank n'a pas encore le don d'ubiquité, on a reporté notre choix sur Foals.

Bien que répétitif sur le fond, ANTIDOTES tape facilement dans le haut du classement du meilleur des années 2000, plaçant Foals en première ligne. Mieux: le groupe ne se désunit pas sur les planches, au contraire. Voyez plutôt leur concert nyonnais cet été. A la bourre, on ne pouvait pas vraiment manquer leur concert au Fri-Son de Fribourg, mercredi 8 décembre. Un premier album monstrueux, des lives solides, et puis un deuxième effort nous laissant plus que sceptiques. TOTAL LIFE FOREVER aiguillait le groupe du côté pop des Cure, avec certes quelques bonnes choses, mais souvent des redites soft du premier LP. Ou du sous-Radiohead dans le cas de Spanish Sahara. Concert donc: où nous assistons sans doute à l'une des pires premières parties vues depuis l'invention du iPod, The Invisible, sorte de sous-Foals/Bloc Party etc. Pas grave, les amis du Bad Bonn sont là et distribuent des masques en tête de chat pour leur actuel festival Für Katz, la foule est dense et s'y trouvent des suisses de Nyon à Zürich, en tout cas. C'est que Foals attirent le monde, plaisent tant aux avertis qu'aux humbles amateurs. The Invisible termine son pensum, on digère et on se sèche encore du déluge s'abattant sur la belle Fribourg.


Olympic Airways  pour lancer le concert de Foals. La bonne affaire: voilà sans doute l'un des trois meilleurs morceaux du groupe. Yannis Philippakis, chanteur, guitariste et frappeur aux gros bras de tom en son état, entame cette transe maladive, le reste du groupe suit, le batteur Jack Bevan semble fracasser sa caisse claire. Un symptôme se reportant sur tout le concert, les fûts cachant malheureusement ces pauvres guitares. S'ensuivent deux choses indistinctes du deuxième LP, pas vraiment mémorables. Pause d'esprit, pause de notre bougeotte. Cassius, direct, jovial et hymnique réveille le millier de spectateurs. C'est certain: ANTIDOTES est largement plus apprécié, et, grand bonheur, se retrouve en bonne place dans la setlist 2010 du groupe. Pop bof, Miami précède Balloons puis deux légéretés de TOTAL LIFE FOREVER. Avant la bénédiction. Spanish Sahara, aimante et rend dingue les gens. Sentiment pas franchement partagé certes, mais force est de reconnaître que ce morceau est devenu en six mois la carte de visite du groupe, son morceau identitaire à défaut d'être une grande composition. Pour le génie, on repassera, mais The French Open lui succède, et on préfère nettement ce Foals-là, martial, vicié, au bord de l'implosion, ralliant la folie de Konono N°1 à la classe des "wiggers" Talking Heads. Et si c'était tout simplement ça, la carte de visite de Foals ?


Constat: l'excellent Electric Bloom est ici quelque peu abîmé par un groupe en fin de tournée, sans doute cramé mais brave. Le rappel verra notamment les lourdaux The Invisible se joindre au groupe pour entamer un Two Steps Twice aux allures de bringue sombre, explosant en vol, méfiant, rusé puis musclé dans son final plein d'allégresse. Foals perd son swing à trop vouloir en mettre plein la vue. On a déjà Bloc Party, pas besoin de forcer sur le vu-mètre. Reste un concert en ciment, carré, quasi sans faute, dense et justifiant bien le statut actuel du groupe.